You are currently viewing Les examens en ligne : une pratique controversée ?

Les examens en ligne ont connu un essor lié à la crise sanitaire qui a touché le monde entier durant l’année 2020. Que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle, les pratiques en ligne se sont multipliées. La sphère éducative fut également touchée par cet essor, où les cours et examens se sont déroulés en ligne. 

Ces examens en ligne ont donc été instaurés. En effet, réunir énormément d’étudiants dans des amphithéâtres qui se retrouvent alors serrés les uns aux autres, n’était plus envisageable en cette période. Il était nécessaire de diminuer les contacts ainsi que le développement de microbes pour tenter de limiter les contaminations au virus du Covid-19.

 

La naissance de controverses 

De cette nouvelle pratique numérique sont nées des controverses. Les examens en ligne ont été qualifiés par le magazine Le Monde de « casse-tête ». En outre, dans un laps de temps très court, les universités ont dû mettre en place ce nouveau dispositif. Mais quels examens instaurer ? Selon quelles modalités ? Avec quels outils numériques ? Certaines universités n’ont pas eu de doutes. Tel fut le cas de l’Université de Montpellier, qui se considérait prête puisqu’elle avait déjà une certaine expérience dans les enseignements à distance. D’autres universités se sont montrées plus réticentes. Ce fut le cas de l’Université de Dijon qui a patienté afin de savoir si elle pourrait quand même organiser ses examens en présentiel. 

D’autre part, des débats ont eu lieu sur la question de la légitimité des diplômes. Les étudiants des promotions ante et post-covid seront-ils préférés aux étudiants des promotions covid car ceux-ci sont susceptibles d’avoir triché durant leurs examens en ligne ? Cela amène également à réfléchir à la valeur de l’examen en ligne par rapport à l’examen sur table. 

 

L’indispensable respect de certains principes

Il coule de source que de nombreux principes sont à respecter lors de ces examens en ligne. Premièrement, l’équité de traitement entre tous les étudiants doit être garantie. 

De plus, de multiples traitements de données personnelles sont réalisés. Ainsi, les responsables de traitement se voient dans l’obligation de se conformer au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), ainsi qu’à la loi Informatique et Libertés. Au titre des données personnelles traitées lors des examens en ligne, se trouvent : l’identification de l’étudiant grâce à son nom, prénom et niveau d’étude, les réponses de l’étudiant à l’examen qui reflètent ses compétences et connaissances personnelles, …

Par ailleurs, une autre polémique concerne les captations d’images durant l’examen en ligne. En effet, il était possible aux surveillants d’examen de capter une vidéo en continu, de prendre une photo aléatoirement, ou même de prendre le contrôle de l’ordinateur personnel de l’étudiant durant l’examen. Toutes ces capacités nécessitent un respect accru de la vie privée des personnes filmées. 

Voici quelques exemples d’obligations que doivent respecter les responsables de traitement lors des examens en ligne : 

  • Détermination d’une base légale avant de débuter le traitement des données 
  • Protection des données et droits des étudiants 
  • Principe de finalité (les informations des étudiants doivent être traités dans un but précis, légal et légitime)
  • Principe de proportionnalité et de pertinence (notamment en ce qui concerne la vidéosurveillance)
  • Durée de conservation limitée (jusqu’à l’expiration des délais contentieux liés à la tenue de l’examen)
  • Information des étudiants de manière claire et transparente des finalités et modalités de traitement 

 

Cette nouvelle pratique numérique arbore des avantages et des inconvénients 

Au titre des avantages, il peut être affirmé que les examens à distance permettent une continuité pédagogique, qui est essentielle. Mais cela suppose aussi que chacun sache se servir de ces nouveaux outils numériques. A Strasbourg, une grande part des enseignants maîtrisait la plateforme numérique Moodle avant le confinement. Pour ceux dont ce n’était pas le cas, enseignants mais aussi étudiants ont dû se former seuls. Cela a favorisé l’autodidactie. 

De plus, le questionnaire à choix multiples (QCM) fut le roi des examens en ligne. Et pour cause, celui-ci était gage de rapidité et d’efficacité. Il renvoyait également à une correction automatique, laissant ainsi un temps précieux aux enseignants afin de se pencher sur d’autres points plus difficiles. 

Cependant, des inconvénients se sont également fait ressentir. En outre, la capacité opérationnelle était parfois très peu solide : de nombreux bugs apparaissaient en raison de la grande quantité d’étudiants se connectant au même instant. Le sujet des zones blanches était également problématique. Certains étudiants, n’ayant pas d’accès à une connexion Internet, ne pouvaient passer leurs examens en ligne. 

D’autre part, la fraude durant les examens soulevait de nombreuses interrogations quant à l’efficacité des examens en ligne. Il était facile de tricher lors des examens non surveillés. Mais le numérique permet également de détecter les fraudes avec des logiciels anti-plagiat disponibles sur Internet. 

L’inconvénient majeur des examens en ligne reste la question de la valeur de cet examen par rapport à l’examen sur table. Certains sont soucieux de délivrer des « diplômes au rabais » à cause des potentielles fraudes lors des examens ou de la facilité des examens lors d’une période difficile à vivre.

 

Emma Fritz

M2 Cyberjustice – Promotion 2022/2023

 

Sources :