You are currently viewing L’intelligence artificielle : vers une singularité technologique sans précédent

Dans un premier ouvrage datant de 2001, le futurologue américain Ray Kurzweil définissait la singularité technologique comme : « un changement technologique si rapide et profond qu’il représente une rupture dans la fabrique de l’histoire humaine. ». Dans un second datant de 2005, il énonce que : « {La singularité technologique} transformera les concepts sur lesquels nous nous appuyons pour donner un sens à nos vies, depuis nos modèles économiques jusqu’au cycle de la vie humaine, y compris la mort elle-même ».
L’intelligence artificielle (IA) est en phase de transformer la société et ses mœurs de façon pérenne.

Comment l’intelligence artificielle incarne cette singularité technologique ? 

 

L’intelligence humaine et l’intelligence artificielle 

Il est clair que les outils d’intelligence artificielle sont des révolutions dans certains domaines de la société tels que l’industrie, la culture ou l’éducation. Cependant, il est techniquement impossible d’artificialiser l’intelligence. 

Selon Futura Science, l’intelligence humaine se conçoit comme « le potentiel des capacités mentales ou cognitives d’un individu ». Entre dans cette définition, l’ensemble des activités de réflexion ou de création mené à l’appui des sens (toucher, goût, odorat, ouïe, vue) par un humain. 


L’intelligence artificielle, selon la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL), se rapporte à « un outil utilisé par une machine afin de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité». 

Toutefois, le terme « reproduire » pose problème. L’être humain produit à l’aide de son intelligence, or la machine ne fait que reproduire. Par conséquent, la machine peut-elle faire réellement preuve d’intelligence ? 

 

Les réseaux neuronaux complexes et les intelligences artificielles faibles et fortes 

L’intelligence artificielle fonctionne de manière similaire à un cerveau humain, c’est-à-dire par l’interconnexion d’un réseau neuronal. Chaque neurone est une équation réagissant à certains paramètres variables. Ces équations sont interconnectées afin de provoquer une stimulation intellectuelle, c’est le deep learning (apprentissage profond).

L’entraînement d’une IA s’effectue par machine learning (apprentissage automatique) en injectant un volume important de données à une machine qui devra le traiter. Cet apprentissage peut être plus ou moins supervisé par l’Homme.

Selon l’entraînement réalisé par la machine, l’outil algorithmique peut être considéré comme une IA faible s’il ne peut réaliser qu’un seul type de tâche. Les différents travaux de recherche de la Commission Européenne indiquent que ce type d’IA ne posera pas de sérieux problème juridique. En revanche, l’outil algorithmique peut disposer d’une certaine liberté dans la prise de décisions et  sera désigné comme IA forte. Ces mêmes travaux indiquent que ce type d’outil pose de nombreux problèmes juridiques d’où la proposition d’éthique et de transparence de l’IA prévue par l’IA Act.  

 

Des outils algorithmiques de plus en plus proches de devenir une super intelligence artificielle 

L’émergence de Chat GPT ou encore de BARD pose de nombreuses questions sur l’artificialisation d’une super intelligence par le biais de l’essor des IA génératives. Ces outils permettent de créer un site Internet ou encore de produire un texte en seulement quelques secondes mais ce n’est qu’une partie des usages permis par les outils algorithmiques. Toutefois, ces usages posent de sérieux problèmes juridiques.

Dans les domaines culturel et artistique, une IA a réussi à créer une chanson reprenant le style vocal et artistique des chanteurs The Weeknd et Drake. Cette nouvelle œuvre pose de nombreuses questions sur les droits d’auteur et la propriété intellectuelle. Qui est le créateur de l’œuvre ? Est-ce le créateur de l’outil algorithmique ? Est-ce celui qui a demandé à l’outil de créer l’œuvre ? Est-ce l’outil lui-même ? Les artistes dont leurs voix ont été contrefaites peuvent-ils obtenir une part des bénéfices générés par l’œuvre ?

Selon l’écrivain Philippe Rodriguez, l’IA est également en proie à devenir une autorité de régulation des propos tenus sur Internet et dans le métavers. Est-elle légitime pour le faire ? Il n’y a, à l’heure actuelle, aucune réglementation la lui accordant.

Les chatbots pourraient bientôt remplacer les relations amicales par leur capacité à échanger sur tous les sujets de conversation existants, rien qu’en analysant la presse, par exemple. Dans ce cas, le risque juridique serait faible voire nul au regard de la classification menée par l’institution européenne. 

Lorsqu’elle est associée aux robots, certaines personnes voient en l’IA, une partenaire de pratiques sexuelles. Le déploiement du métavers pose quelques interrogations sur le délit de proxénétisme incriminé à l’article 225-5 du Code pénal. Malgré l’aspect pervasif de cet univers, l’avatar est-il considéré comme une extension du corps humain ? Si la réponse est négative, l’utilisateur peut-il être considéré comme un proxénète ? 

 

Ugo GAROSCIO VOLTO 

M2 Cyberjustice – Promotion 2022/2023

 

Sources :