You are currently viewing Les comptes fisha : le nouveau phénomène créateur de cyberharcèlement

Lors du premier confinement, en mars 2020, les comptes fisha explosent. Le principe de ces comptes sur les réseaux sociaux est d’humilier et afficher celles qui ont envoyé des photos ou vidéos intimes. Face à ce cyberharcèlement, un collectif féministe riposte.

Qu’est-ce qu’un compte fisha ?

 « Fisha » signifie « affiche » en verlan. Le principe de ces comptes sur les réseaux sociaux ? Exposer massivement des contenus intimes voire pédopornographiques.

Ces publications affichent les « nudes » de femmes et jeunes filles, cela sans leur consentement. À ces images volées sont associées les coordonnées des victimes. Noms, prénoms, numéros de téléphone et pseudos sont dévoilés par les propriétaires des comptes appelés « les fisher ». Par ailleurs, ces comptes existent sur divers réseaux sociaux comme Snapchat, Instagram ou encore Telegram.

Ainsi, les comptes fisha illustrent les nouveaux dangers du numérique.

Cette vague de cyberharcèlement vient des États-Unis. En 2010, c’est Hunter Moore, un californien ayant créé un site de revenge porn qui est le premier à initier ce chantage numérique. Ce dernier a été condamné à deux ans de prison pour ses méfaits.

Cet exemple démontre que les personnes à l’initiative de ces pratiques le font majoritairement pour l’argent. En effet, les comptes fisha qui génèrent du trafic numérique permettent un gain financier. Certains propriétaires vont plus loin puisqu’ils donnent accès à leurs comptes fisha sous condition de rémunération.

Stop Fisha en action contre ces comptes illicites

Face à cette vague de cyberharcèlement, un groupe de jeunes filles a décidé de riposter. Ces dernières ont créé un collectif féministe nommé « Stop Fisha ». Cette association lutte contre le chantage numérique, aide et protège les victimes des comptes fisha. Leur objectif est de faire fermer ces comptes illicites.

Leurs actions résultent dans le fait de s’attaquer aux créateurs des comptes. Pour cela, elles recensent les comptes dans une base de données afin de les surveiller. De plus, elles les signalent et cela de manière massive pour les faire sauter efficacement.

Cependant, malgré les signalements et la suppression des comptes fisha, la menace est perpétuelle pour les victimes. En effet, la suppression d’un compte donne suite à la création d’autres nouveaux comptes. En outre, les victimes craignent toujours de retrouver leurs photos sur un autre site puisque les contenus intimes sont sauvegardés.

Les mesures prises pour endiguer ce phénomène

Les mesures sont extrêmement faibles. Tout d’abord, les services judiciaires sont très peu compétents et n’ont pas les moyens nécessaires pour agir. C’est le cas de la plateforme Pharos qui ne répond pas efficacement aux signalements des comptes fisha.

Ensuite, les réseaux sociaux sont eux-mêmes pointés du doigt. En effet, Snapchat et Instagram sont très peu réactifs aux signalements. Cela met en lumière la problématique de leur modération qui est insuffisante.

Enfin, on peut citer la loi Avia du 24 juin 2020 visant à lutter contre les contenus haineux sur internet. L’objectif était d’obliger les opérateurs de plateformes en ligne à supprimer les contenus illicites sous 24 heures. Néanmoins, de nombreuses dispositions de la loi ont été censurées. Ainsi, cette dernière est peu effective.

Pour accroître ses actions, le collectif Stop Fisha est en partenariat avec la plateforme « e-Enfance ». Cette plateforme est un service d’État spécialisé dans les violences numériques. Un signalement effectué par « e-Enfance » est plus rapidement traité par les opérateurs en ligne. Ainsi, une réponse est donnée sous une à deux heures, ce qui permet de faire fermer les comptes fisha plus rapidement.  

Il est important de rappeler que les victimes de ces violences numériques peuvent faire appel au 3018. 

Chloé WATZKY

M2 Cyberjustice – Promotion 2021/2022

Sources :

A propos de COMED 2021/2022