You are currently viewing #Anti2010 :  Comment les réseaux sociaux ont empiré un conflit inter-générationnel ?

À la mi-septembre 2021, un phénomène a attiré l’attention de tous. Les enfants nés en 2010 et entrant en classe de 6ème, se sont retrouvés victimes de moqueries et d’attaques, aussi bien dans les cours de récréation que sur les réseaux sociaux, là où la haine a pris une grande ampleur. Ainsi, nous pouvons nous poser la question suivante : deux mois après, quelles mesures ont été prises pour stopper ces attaques?

Nous sommes tous en mesure de citer un exemple de conflit entre deux générations, du fait de la mentalité qui ne cesse d’évoluer et des moeurs de la société qui ne cessent de changer. En effet, qui n’a jamais entendu ses grands-parents se souvenir du « bon vieux temps » et s’emporter contre « les jeunes de nos jours » ? De plus, on peut facilement se rappeler des taquineries faites aux enfants nés durant l’an 2000, incarnant le passage à un tout nouveau millénaire, et les nombreux changements y étant liés. Néanmoins, ce qui n’était alors que de « simples » moqueries ou incidents isolés a désormais pris une toute autre ampleur avec le développement des réseaux sociaux.

Ainsi, en septembre 2021, des réseaux sociaux comme Tiktok et Twitter ont été les terrains et les amplificateurs d’un déferlement de moqueries contre les 2010, nouveaux arrivants au collège, au moyen du hashtag #Anti2010. La source de tout cela ? Leur goût vestimentaire ou bien encore leurs préférences en terme de loisirs avec le jeu Pop It, entre autres jugé « douteux » par les enfants plus âgés. Ce hashtag s’est vite répandu, jusqu’à se retrouver en tendance sur les réseaux sociaux. Malheureusement, les moqueries se sont vite transformées en haine. Il y a par exemple eu des menaces de violence, ayant résulté, pour certaines, en agressions physiques dans les cours des établissements scolaires.

Inquiète pour les enfants, la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) a interpellé le gouvernement afin que celui-ci agisse et tente d’endiguer ce phénomène. Le Ministre de l’Éducation Nationale, Jean-Michel Blanquer, a alors publié sur les réseaux sociaux, à savoir Facebook, Instagram, Twitter et Snapchat, une vidéo appelant à la bienveillance des enfants plus âgés vis-à-vis des plus jeunes, condamnant le cyber harcèlement et lançant un contre hashtag, #Bienvenueaux2010. Dans le même temps, le ministère de Jean-Michel Blanquer a saisi le Groupement d’Intérêt Public Action contre la Cybermalveillance des faits. Le GIP ACYMA s’est empressé de signaler à l’ensemble des différents réseaux sociaux l’existence du hashtag #Anti2010. Cela a porté ses fruits puisqu’il s’est fait bannir de la plateforme de Twitter.

Toutefois, il est toujours possible de contourner ce bannissement en ajoutant à ce hashtag des mots permettant de le modifier de sorte que l’algorithme de bannissement ne le repère pas. Par ailleurs, les différents comptes ayant véhiculé la haine à l’encontre des 2010, sont à ce jour toujours actifs. On peut donc se poser la question de l’immunité que semble apporter les réseaux sociaux. En effet, face à un phénomène de cet ampleur, il apparait impossible de parvenir à poursuivre et à sanctionner chaque personne ayant pris part à cette discrimination de vaste ampleur. De fait, les instigateurs pourraient donc s’imaginer hors d’atteinte et pourquoi pas recommencer l’année prochaine. D’ailleurs, certains enfants nés en 2011 ont déjà exprimé leur crainte de rentrer à leur tour en 6ème en septembre 2022.

Les actions possibles à ce jour face au harcèlement sur les réseaux sociaux paraissent donc inefficaces et insuffisamment adaptées face à des phénomènes d’une telle ampleur, n’offrant que très peu de possibilités de sanctionner les personnes concernées. Ceci peut s’expliquer par le fait que les réseaux sociaux sont mondiaux et qu’ils sont régis par leurs propres politiques, qui, selon les plateformes, diffèrent. Nous sommes donc en droit de nous demander si les États seront un jour capables de s’entendre sur une réglementation commune à laquelle les réseaux sociaux devront se conformer pour éviter qu’un tel phénomène ne se reproduise.

Laura Stahn

Master 2 Cyberjustice – promotion 2021-2022

 

Sources :

https://www.cybermalveillance.gouv.fr/tous-nos-contenus/a-propos/qui-sommes-nous