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You are currently viewing CLEARVIEW AI : L’entreprise de surveillance de masse controversée

Clearview AI est une entreprise américaine créée en 2017 qui est spécialisée dans la reconnaissance faciale. Cette dernière a développé une base de données qui permet de rechercher un visage parmi plus de dix milliards d’images que la société a récolté à ce jour. Ces images sont collectées sur internet dès lors qu’elles contiennent un visage humain. Clearview les trouve sur les réseaux sociaux, ou encore via le « web scraping » qui est une technique d’extraction de données à partir des sites Web dans le but de les transformer pour permettre leur utilisation dans un autre contexte. Les données non structurées deviennent alors des données structurées qui peuvent être stockées dans une base de données. L’entreprise fait donc un stockage des images mais également de toutes les informations liées à ces photos comme le lien URL de la page où elles se trouvent. Le problème est que ces liens contiennent souvent le nom et des informations personnelles des personnes qui sont sur les photos. La base de données permet aux clients de l’entreprise d’identifier les individus qui sont sur les photos grâce à l’algorithme.

Cette technologie a été développée au départ pour être commercialisée uniquement aux forces de l’ordre pour résoudre des affaires criminelles. Seulement, suite à une enquête réalisée en janvier 2020, il a été révélé que Clearview avait bien plus que les forces de l’ordre comme clients. En effet, des organisations commerciales comme Walmart, Macy’s ou la National Basketball Association font également partie des clients de l’entreprise. La technologie est donc utilisée par des bureaux de polices mais aussi par des sociétés privées, des universités ou encore des particuliers. Si les États-Unis étaient les premiers destinataires de l’outil développé par Clearview, il s’avère qu’il est aujourd’hui utilisé dans 27 pays dont un bon nombre des pays de l’Union Européenne.

Pourquoi tant de controverses ? Le manque de transparence quant à sa clientèle et les pays dans lesquels l’outil est développé constitue une première controverse pour l’entreprise de surveillance. Seulement, le manque de transparence ne s’arrête pas ici, et c’est ce que la CNIL reproche à Clearview. En effet, c’est en décembre 2021 que la CNIL met en demeure l’entreprise car elle récolte et revend les données des personnes identifiées sur les photos sans leur consentement, ce qui est prohibé par le RGPD en vigueur depuis 2018. La CNIL lui ordonne donc de supprimer toutes les photos et autres informations personnelles récoltées en France. Dans un communiqué, la CNIL juge que Clearview AI s’est adonnée, en France, à « un traitement illicite de données personnelles », car « cette société ne recueille pas le consentement des personnes concernées pour aspirer et utiliser leurs photographies afin d’alimenter son logiciel ».

D’autres réclamations similaires sont déposées dans d’autres pays comme le Royaume-Uni, l’Italie, la Grèce et l’Autriche.

Le PDG Clearview AI, Hoan Ton-That, répond à ces accusations dans un communiqué envoyé au site TechCrunch. Selon lui, l’entreprise n’opère pas en France mais aux Etats-Unis, elle n’est donc pas soumise au RGPD. Son argument étant peu convaincant d’un point de droit international, la CNIL tient à poursuivre ses démarches contre l’entreprise de reconnaissance faciale.

 

Mélissa TOSUN

 

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