You are currently viewing Les enjeux environnementaux du numérique : vers une transition durable et responsable

L’impact environnemental du numérique englobe l’ensemble des effets des technologies de l’information et de la communication sur l’environnement. 

L’empreinte écologique des réseaux de communication, des terminaux et des usages numériques suscite une attention croissante en raison de l’essor rapide du secteur. En effet, cette expansion entraîne une augmentation significative de la consommation énergétique, tant lors de la fabrication des équipements que durant leur utilisation.

Selon une étude intitulée Évaluation de l’impact environnemental du numérique en France et analyse prospective, publiée conjointement par l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des Postes et de la Distribution de la Presse (ARCEP) et l’Agence de la Transition Écologique (ADEME), le numérique représenterait aujourd’hui entre 3 et 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et environ 2 % de l’empreinte carbone en France. 

La répartition de cette empreinte révèle que les terminaux tels que les smartphones, ordinateurs et tablettes en constituent la part prépondérante, avec 79 %, suivis par les centres de données qui représentent 16 %, puis les réseaux, dont l’impact s’élève à 5 %.

Par ailleurs, cette étude propose une analyse prospective alarmante pour les horizons 2030 et 2050, en l’absence de mesures visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique. 

La hausse exponentielle du volume de données échangées et du nombre d’équipements connectés pourrait considérablement aggraver la situation. 

Dans un scénario tendanciel, l’empreinte carbone du numérique en France augmenterait de près de 45 % d’ici 2030 par rapport à 2020, atteignant ainsi 25 millions de tonnes de CO₂ contre 17,2 millions de tonnes en 2020. 

À plus long terme, à l’horizon 2050, cette empreinte pourrait être multipliée par cinq par rapport à 2020, atteignant 81 millions de tonnes de CO₂, tandis que la consommation électrique du secteur pourrait quasiment tripler, pour atteindre 137 TWh, en raison de la prolifération des objets connectés et de l’expansion des centres de données.

Dans ce même contexte, un autre enjeu majeur est celui des déchets électroniques. 

Les équipements électriques et électroniques (D3E) génèrent un mélange complexe de matériaux, dont certains sont dangereux. Une gestion inadéquate de ces déchets peut entraîner de graves problèmes environnementaux et sanitaires. 

À cet égard, un article intitulé Environnement : les déchets électroniques pèsent davantage que la Grande Muraille de Chine met en lumière le fait que les équipements électriques et électroniques génèrent aujourd’hui plus de 57 millions de tonnes de déchets dans le monde, soit un poids supérieur à celui de la Grande Muraille de Chine.

En Europe, la problématique est tout aussi préoccupante. Selon une étude de la Commission européenne intitulée Waste from Electrical and Electronic Equipment (WEEE), 14,4 millions de tonnes d’équipements électriques et électroniques sont mises sur le marché chaque année au sein de l’Union européenne. Cependant, seuls 5 millions de tonnes de déchets électroniques sont collectées, soit une moyenne de 11,2 kg par personne. Cette disparité souligne la nécessité de renforcer les politiques de gestion des déchets électroniques afin de limiter leur impact environnemental.

Face à l’ampleur des risques environnementaux induits par le numérique, il apparaît impératif d’engager des actions et de mettre en œuvre des solutions concrètes afin d’en limiter les effets à long terme.

L’une des solutions majeures envisagée est le Green IT, qui désigne les techniques de l’information et de la communication dont la conception ou l’utilisation vise à réduire l’impact négatif de l’activité humaine sur l’environnement. 

À titre d’exemple, Google a récemment annoncé son intention de rendre ses centres de données neutres en carbone d’ici 2030. Fabien Vieau, directeur d’infrastructure chez Google, a ainsi déclaré : « Nous prenons aujourd’hui l’engagement de compenser en temps réel et localement, pour fonctionner 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 en ‘zéro carbone’ d’ici 2030, sur chacun de nos sites dans le monde ». 

De même, Facebook a développé son centre de données à Luleå, en Suède, situé dans la région connue sous le nom de Node Pole. Ce centre tire parti des températures glaciales de la région, exploitant l’air froid et les températures marines pour réduire l’empreinte énergétique de ses installations.

Bien que de nombreux grands acteurs, tels que Google et Facebook, aient déjà pris des initiatives pour limiter les risques environnementaux liés au numérique, cette problématique concerne l’ensemble de la société et revêt une portée considérable. 

C’est dans ce contexte que la notion de sobriété numérique apparaît comme une solution essentielle. Celle-ci désigne une démarche visant à concevoir des services numériques plus sobres et à modérer les usages numériques quotidiens. 

Selon l’Autorité de Régulation des Communications Électroniques, des Postes et de la Distribution de la Presse et l’Agence de la Transition Écologique, la sobriété numérique constitue le premier levier d’action pour limiter l’impact du numérique. Elle commence par une interrogation sur l’ampleur du développement des nouveaux produits ou services, ainsi que par une réduction ou une stabilisation du nombre d’équipements. Parmi les axes d’action prioritaires figurent l’allongement de la durée de vie des terminaux, la mise sur le marché d’équipements écoconçus, le développement du reconditionnement et la réparation des équipements, ainsi que la sensibilisation des consommateurs aux impacts environnementaux de leurs choix numériques.

La mise en œuvre de telles politiques permettrait de réduire l’empreinte carbone de 16 % (soit 14 millions de tonnes de CO₂), la consommation de ressources abiotiques (métaux et minéraux) de 30% et la consommation électrique de l’ordre de 52 % (soit 25 TWh) par rapport à 2020.

L’enjeu environnemental du numérique invite à une réflexion profonde sur l’avenir de nos pratiques technologiques. Si des mesures concrètes telles que le Green IT et la sobriété numérique s’imposent comme des leviers essentiels, il reste à savoir dans quelle mesure ces efforts collectifs suffiront à enrayer l’impact croissant du secteur. 

Le véritable défi réside dans notre capacité à allier progrès technologique et responsabilité environnementale, afin de garantir un avenir numérique durable pour les générations à venir.

 

Murielle Moussa

Master 2 Cyberjustice 2024/2025

 

Sources : 

https://www.ademe.fr/presse/communique-national/impact-environnemental-du-numerique-en-2030-et-2050-lademe-et-larcep-publient-une-evaluation-prospective/

https://environment.ec.europa.eu/topics/waste-and-recycling/waste-electrical-and-electronic-equipment-weee_en

https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/environnement-les-dechets-electroniques-pesent-plus-lourd-que-la-grande-muraille-de-chine-1356555

http://www.theregister.co.uk/2015/08/24/ten_extreme_data_centres/

https://www.google.com/about/datacenters/

https://www.cigref.fr/wp/wp-content/uploads/2020/10/Cigref-The-shift-project-Sobriete-numerique-une-demarche-d-entreprise-responsable-octobre-2020-1.pdf

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000020835844


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