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La démocratie dans le viseur des cyberattaques

Les nouvelles technologies engendrent bon nombre d’appréhensions, notamment en raison du piratage, de la propagation de fausses informations ou encore de l’essor de l’intelligence artificielle. Ces nouveautés ont d’importantes conséquences sur nos sociétés. Si certains s’inquiètent des dangers des nouvelles technologies concernant la démocratie, d’autres soulignent leurs capacités à donner une voix à chaque citoyen.

 

Les risques de l’ingérence numérique dans la démocratie

Les cyberattaques sont devenues une menace croissante pour les démocraties à travers le monde. Les attaques peuvent être menées par différents acteurs, dans le but de perturber les élections ou de saper la confiance dans les institutions démocratiques. Ces cyberattaques peuvent être connues sous le nom «  d’ingérence numérique» lorsqu’elles visent à manipuler l’opinion publique ou perturber des processus démocratiques.

L’ingérence numérique est devenue un sujet de préoccupation croissant pour les démocraties modernes, en particulier depuis les élections présidentielles américaines de 2016, où les ingérences étrangères ont été largement signalées. Depuis lors, les gouvernements ont travaillé à renforcer les défenses numériques de leurs pays, mais les risques persistent et évoluent rapidement.

En janvier 2020, Taïwan a organisé des élections présidentielles et législatives. Avant les élections, des groupes liés à la Chine ont lancé des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux taïwanais, en utilisant des bots et des faux comptes pour diffuser des messages anti-gouvernementaux. Les autorités taïwanaises ont réussi à détecter et à bloquer la plupart de ces tentatives, mais elles ont souligné l’importance d’une surveillance continue.

Enfin, l’ingérence numérique peut également prendre la forme de la suppression de contenus ou de comptes d’opposants politiques. En 2021, le gouvernement russe a demandé à Twitter de bloquer des comptes liés à l’opposition, ce que Twitter a refusé de faire. En réponse, la Russie a menacé de bloquer l’accès à Twitter sur son territoire. Cette situation souligne la difficulté pour les plateformes de médias sociaux de concilier la liberté d’expression avec les demandes des gouvernements ou des régulateurs.

 

L’impact positif du numérique sur la démocratie

Le numérique a un impact considérable sur la démocratie et peut également avoir un impact positif sur la vie politique. En effet, l’utilisation des technologies numériques peut renforcer la transparence et la participation citoyenne.

Un exemple concret de cet impact sur la démocratie est l’utilisation de plateformes en ligne pour permettre aux citoyens de participer à des consultations publiques. En France, le gouvernement a créé une plateforme en ligne: « Make.org »  pour permettre aux citoyens de soumettre des idées et de participer à des consultations publiques sur des questions importantes telles que l’environnement, l’éducation et l’économie. Les idées les plus populaires sont présentées aux décideurs politiques pour qu’ils puissent en tenir compte dans leur prise de décision.

La blockchain est également un des exemples qui peut être cité concernant l’amélioration de la transparence et de la confiance. La blockchain est une technologie de stockage de données qui permet de créer des registres inviolables, sécurisés et transparents. Chaque «bloc»  de données stocké dans la blockchain contient des informations cryptées sur la transaction et la date de création du bloc. Les blocs sont ensuite liés entre eux, créant ainsi une chaîne de blocs qui constitue la blockchain. Cette technologie est souvent associée aux crypto-monnaies, mais elle peut également être utilisée pour renforcer la transparence et la confiance dans les processus démocratiques. 

Un exemple d’utilisation de la blockchain pour les élections est celui de l’Estonie. Depuis 2005, l’Estonie utilise la blockchain pour stocker les votes lors des élections législatives et présidentielles. Cette méthode de vote électronique a permis de renforcer la transparence et la confiance dans le processus électoral, en réduisant les risques de fraude.

 

Les mesures pour prévenir l’ingérence numérique : l’exemple de VIGINUM

Afin de surveiller et de lutter contre les ingérences numériques étrangères, la France s’est dotée d’un service connu sous le nom de «VIGINUM» . Ce service a principalement concentré son activité sur la protection des grands événements électoraux tels que les élections présidentielle et législatives de 2022. Le service s’est par exemple penché sur le référendum concernant l’indépendance de la Nouvelle Calédonie. En raison de l’importance stratégique de l’île dans la région Indo-Pacifique et des tensions géopolitiques en cours, les autorités ont mis en place un dispositif de veille afin de prévenir toute tentative d’ingérence informationnelle de la part d’acteurs étrangers durant le scrutin électoral. 

En somme, bien que le numérique puisse avoir un impact positif sur la démocratie en permettant une participation citoyenne et une transparence accrue, il est important de reconnaître les risques potentiels liés à cette même technologie.

 

Lise Bujon

M2 Cyberjustice- Promotion 2022- 2023

 

Sources: 

A propos de Lise Bujon