Au cours des dernières décennies, le cyberespace est devenu un terrain de jeu pour les États cherchant à étendre leur influence et à renforcer leur sécurité nationale. Les cyberattaques et les intrusions malveillantes ont augmenté en fréquence et en complexité, obligeant les gouvernements à se préparer pour une guerre qui se déroule presque entièrement en ligne. Par conséquent, de nombreux États ont maintenant élevé le cyberespace au rang de champ de bataille et de priorité stratégique.
Qu’est ce que le cyberespace?
Le cyberespace désigne un milieu virtuel où circulent des flux de données entre des ordinateurs ou en réseau, composé de trois couches : une couche physique, une couche matérielle, logicielle et de gestion des noms de domaine, et une couche sémantique et informationnelle. Le cyberespace peut devenir un lieu de rivalités de pouvoirs et d’affrontement lorsque les procédés sont utilisés pour défendre certains intérêts.
En outre, le cyberespace est constitué de réseaux qui sont partagés par divers acteurs tels que des individus, des organisations politiques, des hackers, des militants, des entreprises, des gouvernements, des terroristes et des militaires. Ces réseaux sont omniprésents dans tous les aspects de la vie quotidienne, de l’économie et de la société, ce qui crée des enjeux et des risques dans tous les secteurs.
Les enjeux géopolitiques du cyberespace
Les raisons pour lesquelles les États se concentrent sur la cybersécurité sont multiples. Tout d’abord, le cyberespace est devenu un vecteur clé pour le sabotage, la guerre économique et le vol de propriété intellectuelle.
Les cyberattaques peuvent causer de multiples des dommages considérables à une économie et paralyser des infrastructures critiques comme:
- les réseaux d’électricité;
- les systèmes de transport;
- causer des pertes financières importantes aux entreprises.
De plus, le cyberespace offre un certain degré d’anonymat qui rend les attaques difficiles à tracer et à attribuer à un État particulier.
La militarisation du cyberespace est en partie due à la compréhension avancée des technologies numériques par les acteurs de la défense, ce qui leur permet de mieux anticiper et allouer des moyens pour la sécurité nationale.
Toutefois, l’augmentation des cyberattaques d’origine étatique dans un but stratégique a contribué à la considération du cyberespace comme un terrain de guerre.
Cette représentation est combattue par la Chine et la Russie, qui préfèrent le concept d’espace informationnel ou de sécurité de l’information pour préserver la stabilité de leur régime, bien qu’ils soient accusés de participer à la militarisation du cyberespace.
La représentation du cyberespace comme champ de bataille militaire a été renforcée par la «matérialisation de la cyberguerre» dans les démocraties occidentales. Les grandes puissances du cyberespace, comme les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, ont adopté le cyberespace comme le cinquième domaine militaire après la terre, la mer, l’air et l’espace. En 2016, l’OTAN a également reconnu le cyberespace comme un domaine militaire opérationnel.
Les risques systémiques des cyberattaques
Les États ont pris conscience des risques liés à la prolifération des armes qu’ils développent, car ces armes peuvent être volées, copiées et utilisées par des adversaires. Cela s’applique également aux outils offensifs utilisés dans le milieu numérique, où les nouvelles tactiques et attaques peuvent être imitées et réemployées.
Les cyberattaques peuvent ainsi apprendre à l’adversaire et contribuer à l’amélioration de leurs propres capacités. En 2015, The Intercept a publié le rapport d’Edward Snowden qui indique que l’Iran a utilisé les techniques d’une cyberattaque précédente contre son industrie pétrolière pour lancer l’attaque Shamoon contre Saudi Aramco en 2012, sabotant 30 000 ordinateurs. Cela montre que l’Iran a amélioré ses capacités offensives.
La prolifération des cyberattaques entraîne une montée en compétences de tous les acteurs. Ceci contribue ainsi à l’accroissement de la sophistication des attaques et à la menace pour l’environnement numérique.
En conclusion, le cyberespace est devenu un champ de bataille et une priorité stratégique pour de nombreux États, en raison de la croissance rapide des cyberattaques, de la facilité relative avec laquelle elles peuvent être menées et de la dépendance croissante de nos sociétés à l’égard de la technologie.
Pour protéger leur sécurité nationale et leur économie, les États investissent dans des capacités offensives et défensives, créent des agences gouvernementales spécialisées dans la cybersécurité et établissent des partenariats internationaux pour partager des informations et des meilleures pratiques.
Lise Bujon
M2 Cyberjustice – Promotion 2022/2023
Sources:
- https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2017-3-page-29.htm
- https://www-cairn-info.scd-rproxy.u-strasbg.fr/revue-herodote-2020-2-page-329.htm?contenu=resume
- https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/geopolitique-de-la-surveillance-numerique-8848321
- https://larevuedesmedias.ina.fr/le-cyberespace-un-enjeu-majeur-de-geopolitique
- « Iran – Current topics, interaction with GCHQ », The Intercept.