You are currently viewing La tomographie assistée par ordinateur : un outil potentiel pour des autopsies non-invasives ?

En fin d’année 2021, une momie s’est faite « déshabillée » sans que nous ne lui retirions la moindre bandelette. Cela a pu être rendu possible grâce à l’imagerie médicale et davantage grâce à la tomographie assistée par ordinateur qui permet de générer une image 3D de l’intérieur d’un corps. Elle a alors permis de déceler une technique d’embaumant inconnue jusqu’alors. L’archéologie nous fait entrevoir des possibilités d’utilisation tout à fait originales, de même que la géologie qui utilise déjà ce procédé. Mais nous sommes ici pour parler de droit. Effectivement, ne pourrait-on pas reprendre le phénomène et le transposer à l’autopsie post-mortem ? Si une momie vielle de 3 000 ans livre nous ces secrets par cette technique, le corps d’une personne ne pourrait-il pas nous révéler les causes de sa mort, et ce, sans le détériorer ?

Ce n’est pas une réflexion nouvelle que de chercher des moyens alternatifs, les moins invasifs possibles, aux examens post-mortem. En 2006, des recherches ont été faites au Royaume-Uni afin de déterminer quelle technique, du scanner ou de la tomographie informatisée, étaient la plus performante pour déterminer la cause d’un décès. C’est l’imagerie médicale issue de la tomographie qui l’emportait déjà à l’époque. Aujourd’hui, la tomographie assistée par ordinateur permet de générer des images 3D de la structure interne d’une personne et d’évaluer les lésions internes. Il s’agit d’une technique qui permet à l’ordinateur d’analyser sous différents angles des coupes transversales d’un corps générées par des rayons X.

Si cette technologie a bien évolué depuis son apparition en 1971, c’est la technique d’imagerie médicale la plus prescrite de nos jours, d’autant plus qu’elle permet de localiser, avec précision, les tumeurs cancéreuses.

La question se pose alors de son utilisation pour remplacer les autopsies demandées par le procureur de la République dans les affaires pénales. Le fait de remplacer une autopsie traditionnelle (avec opérations) est un sujet qui occupe l’opinion publique depuis le début des années 2000. Elle permet en outre, de garder les corps des victimes intacts, d’éviter les acharnements et dégradations qu’un médecin légiste pourrait faire sur le cadavre. Il s’agit de leur consentir encore un peu de dignité humaine avant qu’ils ne finissent en poussière.

C’est ainsi que l’imagerie médicale est utilisée en complément des autopsies traditionnelles, car cette technique aussi efficace soit-elle, se heurte aux causes de mort dites subites comme les arrêts cardiaques, les embolies pulmonaires ou encore la pneumonie qui ne sont pas visibles sur les images.

C’est la représentation 3D et l’assistanat d’un ordinateur qui vont permettre d’améliorer la tomographie. Et cette affaire de momie déshabillée par la tomographie assistée par ordinateur, peut, peut-être, être une nouvelle impulsion pour l’utiliser comme mode alternatif d’examen post-mortem. Un jour, peut-être, nous pourrons déterminer la mort de quelqu’un par un simple regard sur une image 3D de l’intérieur de son corps.

 

Ludine WAGNER

M2 Cyberjustice 2021/2022