L’intelligence artificielle (IA) s’est imposée comme une force incontournable dans de nombreux secteurs, et l’industrie de la mode n’échappe pas à cette dynamique. En effet, l’IA joue un rôle central en apportant des bénéfices significatifs à l’ensemble de l’écosystème, tant pour les consommateurs que pour les entreprises de mode.
L’IA et l’expérience client
L’un des principaux objectifs des enseignes de mode est la fidélisation de leur clientèle. À cet égard, l’intelligence artificielle offre de nouveaux outils qui permettent de personnaliser l’expérience d’achat de manière inédite. Par exemple, il est désormais possible d’essayer virtuellement des vêtements avant de les commander en ligne.
Ainsi, des startups françaises, telles que Fitle et Veertus, ont développé des technologies de cabines d’essayage virtuelles pour les e-commerçants.
La première étape des démarches adoptées par ces deux startups fonctionne de manière similaire, débutant par la collecte d’informations de base auprès de l’utilisateur, telles que le sexe, l’âge, le poids, etc.
Sur cette base, la startup Fitle élabore une recommandation personnalisée. Grâce à ces données, un dashboard personnalisé permet de mesurer en temps réel la valeur ajoutée de la solution Fitle et d’accéder à des informations détaillées, telles que les segmentations morphologiques des clients, le taux de couverture des guides de taille, les ventes manquées, ainsi que les types de morphologies par type de produit.
En revanche, la startup Veertus va au-delà de cette collecte d’informations de base en intégrant préalablement tous les produits du magasin et les données afférentes. Afin de permettre à l’utilisateur de scanner, via son téléphone portable, l’étiquette d’un vêtement pour vérifier si celui-ci lui sera adapté.
Cette approche aide les consommateurs à mieux visualiser l’apparence des vêtements avant l’achat, augmentant leur satisfaction tout en réduisant les retours liés aux erreurs de taille.
Les avantages pour les créateurs de mode
L’intelligence artificielle émerge comme une source de créativité, ouvrant la voie à des réalisations entièrement générées par des algorithmes d’IA.
La première “AI Fashion Week” à New York, a parfaitement illustré cette évolution qui s’est tenue les 20 et 21 avril 2023. Lors de cet événement unique, tous les modèles présentés étaient créés exclusivement grâce à des logiciels d’IA.
Ce projet a permis de redécouvrir l’univers de la mode sous un angle technologique, mettant en avant les vastes potentiels de l’IA à des fins de réinvention de la mode traditionnelle et de la créativité dans ce domaine.
Cependant, cette avancée a également engendré une vague de peur et de critiques. En effet, certains craignent que l’utilisation excessive de l’IA puisse minimiser le rôle des créateurs humains et des artisans dans le processus de conception et de fabrication. D’autres, en revanche, estiment que l’IA peut être un outil précieux pour assister les créateurs, permettant une « création assistée », sans pour autant les remplacer totalement.
En outre, les marques de mode ont souvent recours à un unique type de mannequin pour cibler leur clientèle, une stratégie qui limite la diversité et l’inclusivité dans le secteur. Cependant, l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives en faveur d’une représentation plus inclusive. Par exemple, l’entreprise Lalaland.ai, basée à Amsterdam, a développé un logiciel qui permet aux marques de créer leurs propres mannequins virtuels générés par l’IA. Son objectif principal est de remédier à la sous-représentation des diverses morphologies dans le cadre des achats en ligne. Grâce à cette technologie, les entreprises de mode peuvent avoir un contrôle total sur la création de mannequins en 3D, leur permettant ainsi de cibler une clientèle plus vaste et d’améliorer l’inclusivité dans leurs campagnes marketing.
Optimisation de la production
L’intelligence artificielle est aujourd’hui utilisée pour optimiser la production dans l’industrie de la mode, notamment dans le secteur de la fast fashion. L’entreprise chinoise Shein, pionnière de l’« ultra fast fashion », est un exemple marquant.
Selon Yann Rivoallan, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin, Shein propose chaque jour 8 000 nouveaux produits, un rythme impossible à reproduire par une main-d’œuvre humaine. Cela est rendu possible grâce à l’IA, qui analyse les données de consommation et les tendances des modèles d’autres marques publiées sur diverses plateformes. En s’appuyant sur ces données, Shein peut adapter et réinventer ses produits en temps réel, ajustant constamment son offre pour répondre aux tendances et attentes de sa clientèle.
Cependant, cette exploitation de l’IA dans la fast fashion soulève des questions cruciales concernant la durabilité et les impacts environnementaux de cette production accélérée. Selon un rapport de l’ONG Les Amis de la Terre publié en juin 2023, un ajout moyen de 7 200 nouveaux modèles par jour équivaut à la production d’au moins un million de vêtements, générant entre 15 000 et 20 000 tonnes de CO2.
Murielle Moussa
Master 2 Cyberjustice 2024/2025
Sources :
https://builtin.com/artificial-intelligence/ai-fashion
https://www.youtube.com/watch?v=XJKYhs_OFP
https://www.amisdelaterre.org/wp-content/uploads/2023/06/decryptage-fast-fashion-vdef.pdf
