L’expression « cela risque de me coûter un bras » n’a jamais été si proche de devenir réalité. En effet, plusieurs chercheurs se sont penchés sur les nouvelles biotechnologies cutanées et laissent penser que dans un futur proche nous n’aurons plus besoin de carte bancaire ou de monnaie fiduciaire pour effectuer nos achats du quotidien.
Depuis la découverte de l’ADN par Watson et Crick dans les années 1950, l’homme ne cesse d’innover, d’imaginer de nouvelles formes de biotechnologie afin d’améliorer ses capacités corporelles. Selon l’Organisme de Coopération et de Développement Économique (OCDE), la biotechnologie est définie comme « l’application des principes scientifiques et de l’ingénierie à la transformation de matériaux par des agents biologiques pour produire des biens et services ». Aujourd’hui, les chercheurs en la matière envisagent la transformation de notre corps en support de stockage numérique voir même, en dispositif direct de paiement sans contact.
Cette innovation futuriste se présente sous deux formats, le premier présent sur la peau sous forme de patch connecté ou de tatouage ; tandis que le second se voit plus intrusif, en s’implantant sous la peau via des puces électroniques. Ainsi, grâce au développement de ces biotechnologies, une infinité de possibilités voit le jour, notamment l’opportunité de stocker des liquidités à travers ces inventions.
En Suède, plus de 3000 personnes surnommées les « body hackers », se sont fait implanter une puce électronique dans la main. Positionnée entre l’index et le pouce, cette puce vient remplacer les clés et les cartes bancaires de leur possesseur. Par le biais de la technologie « Radio Frequency Identification » (RFID), les données personnelles de l’utilisateur sont mémorisées au sein de la puce électronique et utilisées via des systèmes dotés d’ondes électromagnétique. Du coup, un grand nombre de données peuvent être stockées à l’intérieur de la puce afin de faciliter nos actions du quotidien. A titre d’exemple, ces puces sont utilisées pour déverrouiller des portes, badger sa présence sur son lieu de travail, allumer ou éteindre son ordinateur personnel, ou même encore servir de titre de transport dans le train. Cependant, les suédois ne sont pas les seuls à expérimenter cette nouvelle technologie. Une multitude d’entreprises américaines propose ces implantations à leurs salariés (Epicenter, Three Square Market) et européennes (l’entreprise Belge « New Fusion »), dans le but de simplifier leurs interactions sur leur lieu de travail.
La société Microsoft, en collaboration avec le « Massachusetts Institute of Technology » (MIT), développe un prototype de tatouage éphémère appelé « DuoSkin », qui permettrait de contrôler des appareils connectés à distance. En ajoutant la technologie du « Near Field Communication » (NFC), présente dans les paiements sans contact, on pourrait potentiellement remplacer la carte bancaire par un tatouage éphémère et renouvelable.
Par ailleurs, les patchs connectés eux, sont plutôt utilisés dans le domaine de la santé, avec une première expérimentation en 2016 du « BioStamp RC », un pansement connecté qui permet de suivre en temps réel les données vitales de patients souffrants de pathologies neurodégénératives. Cette utilisation plus ambitieuse, permettrait de révolutionner le domaine de la santé, avec l’apparition de « pansements connectés » qui aiderait grandement les docteurs dans leurs recherches médicales.
Encore une fois, l’évolution des nouvelles technologies initie un potentiel changement majeur du fonctionnement de notre société. En effet, avec l’arrivée des biotechnologies cutanées de nouveaux risques apparaissent.
D’un point de vue éthique, l’implantation d’une telle technologie sans consentement libre et éclairé pourrait amener à un préjudice grave d’atteinte à l’intégrité physique d’un individu.
De plus, posséder un accès à son compte en banque, ou quelconque autre donnée personnelle directement via son corps, risque d’engendrer de nouvelles formes de délits. Si une personne devient littéralement connectée, les dangers quant à la protection de ses données personnelles se verront multipliés.
« Comment l’homme va-t-il contrôler ces nouvelles technologies pour éviter des dérives du pouvoir qu’elles confèrent ? »
Abdelmalik Zergui
Master 2 Cyberjustice – Promotion 2020/2021
Sources :
https://sites.google.com/site/tpecorporation/un-nom-n-imprte-quoi/i–biotechnologie
https://www.frandroid.com/comment-faire/comment-fonctionne-la-technologie/237303_lenfc-2
https://marketing-digital.audencia.com/corps-humain-futur-device-numerique/