A l’heure où plus de 78% des français se rendent quotidiennement sur internet, et que plus de 60% utilisent activement les réseaux sociaux, pouvoir signaler et faire supprimer rapidement les contenus illicites pouvant se trouver en ligne semble primordial. C’est précisément tout le but de la plateforme en ligne Pharos. Cette dernière a été mise en place par l’Office central de lutte contre la cybercriminalité liée aux technologies de l’information et de la communication en 2009, branche directe de la direction centrale de la police judiciaire.
Concrètement, comment fonctionne la plateforme Pharos ?
La plateforme Pharos (plateforme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements) se veut très accessible pour permettre au plus grand nombre d’internautes son utilisation. Cette dernière fonctionne toute l’année sans interruption. La démarche est relativement simple : un internaute ayant été confronté à un contenu illicite pourra le signaler directement sur la plateforme en donnant certains renseignements. A partir de ce signalement, ce sont des enquêteurs spécialisés de la police judiciaire qui vont prendre le relais et traiter chaque signalement au cas-par-cas.
La durée de traitement d’un signalement peut aller de quelques secondes pour une urgence à plusieurs jours si la situation est complexe.
Au total, une cinquantaine d’enquêteurs travaillent pour la plateforme Pharos, répartis dans différentes cellules :
- La cellule généraliste, qui récupère et analyse tous les signalements effectués sur la plateforme. Ils sont en outre spécialisés dans les contenus terroristes, pédopornographiques, les menaces et les atteintes à la vie.
- La cellule spécialisée sur la discrimination et la haine en ligne.
- Le pôle judiciaire, qui va lui se charger d’ouvrir les procédures judiciaires à l’encontre des auteurs de contenus illicites.
Comment effectuer un signalement ?
Pour qu’un internaute puisse signaler un contenu illicite, il va devoir suivre la procédure de la plateforme. Dans un premier temps, il va devoir catégoriser le contenu illicite en question dans une liste prédéfinie par la plateforme Pharos (mise en danger de personne, terrorisme, pédophilie, etc.). Par la suite, l’internaute devra renseigner la date à laquelle il a été confronté à ce contenu illicite, ainsi que l’URL exacte menant à ce dernier. Enfin, il aura la possibilité de décliner son identité ou non à la plateforme.
A noter qu’aucune différence de traitement n’est effectuée entre un signalement anonyme ou non. La plateforme enregistre toutefois l’adresse IP de la personne déposant le signalement. Ainsi, en cas de besoin, le procureur de la République pourra autoriser de remonter jusqu’au dépositaire de la requête par le biais de son adresse IP dans le cadre d’une enquête. Toutefois, cette pratique reste très encadrée et peu courante.
La plateforme Pharos en chiffre
Depuis la création de la plateforme en 2009, ce sont plus de deux millions de signalements qui ont été reçus. En moyenne, environ 4 400 signalements arrivent sur la plateforme toutes les semaines. La majorité de ces signalements concernent des escroqueries, extorsion ou des arnaques financières. En effet, en 2020, cela représentait 57% des signalements hebdomadaires reçus. Les autres signalements correspondaient à des atteintes aux mineurs, des actes de discriminations ainsi que des contenus faisant l’apologie du terrorisme.
En outre, la plateforme est confrontée à des pics de signalements lors d’évènements tragiques, comme lors des attentats de Charlie Hebdo en 2015 ou encore suite à l’assassinat de Samuel Paty en 2020. Dans ces contextes-là, les réseaux sociaux ont notamment tendance à s’embraser, faisant augmenter le nombre de contenus illicites (images des attentats, propagande et apologie du terrorisme), et a fortiori le nombre de signalements reçus par la plateforme Pharos.
Les objectifs de la plateforme Pharos
Pour Cécile AUGERAUD, chef de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication, l’objectif principal de la plateforme Pharos est de faire retirer le plus vite possible les contenus illicites avant qu’ils ne deviennent viraux.
Elle insiste également sur le fait que face à un contenu illicite sur internet, il faut avoir un réflexe de signalement, et non de partage.
De manière plus générale, la plateforme Pharos est en contact permanent avec les géants des réseaux sociaux (Facebook, X, Instagram, etc.) pour permettre la suppression rapide des contenus illicites.
Par ailleurs, au-delà du fait de pouvoir signaler, la plateforme Pharos se veut également préventive, avec plusieurs espaces dédiés au sein de leur site internet pour les enfants et leurs parents. La plateforme dispense de surcroît des conseils de sécurité informatique, avec les bons gestes à adopter en ligne.
Ainsi, la plateforme Pharos apparaît comme étant un outil indispensable à notre époque. Cette dernière a su s’adapter aux évolutions et à la demande que représente les nombreux contenus illicites sur internet. Le nombre d’enquêteurs est notamment passé d’une vingtaine en 2020 à une cinquantaine aujourd’hui, signe d’une perpétuelle évolution.
Le rôle de cette plateforme rappelle que personne ne peut agir en toute impunité sur internet et que, plus généralement, personne n’est anonyme sur internet. Un internaute, même sous couvert d’un pseudonyme ou d’un VPN, pourra être retrouvé.
Matthias LEVIEUX
M2 Cyberjustice – Promotion 2023/2024
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Sources :
https://www.internet-signalement.gouv.fr/PharosS1/
https://fr.wikipedia.org/wiki/PHAROS