Aujourd’hui, l’un des défis des nouvelles technologies est d’améliorer la performance du sportif tout en préservant sa santé. Néanmoins, les innovations doivent être encadrées afin qu’elles ne transforment pas le sportif en un simple robot sans vrai talent.
La protection des données personnelles face aux montres connectées
La nouvelle technologie la plus utilisée par les coureurs amateurs est la montre connectée. L’année 2008 marque l’apparition de la première montre connectée destinée aux sportifs. Elle fut commercialisée par la célèbre marque américaine Garmin.
Ces montres connectées soulèvent la question de la protection des données personnelles. De fait, pour que la montre puisse enregistrer les performances, celle-ci requiert certaines informations qu’il est possible de qualifier comme des données personnelles. Une donnée personnelle est définie par l’article 4 du Règlement général sur la protection des données comme « toute information se rapportant à une personne physique identifiée ou identifiable […] ; est réputée être une « personne physique identifiable » une personne physique qui peut être identifiée, directement ou indirectement, notamment par référence à un identifiant, tel qu’un nom, un numéro d’identification, des données de localisation, un identifiant en ligne, ou à un ou plusieurs éléments spécifiques propres à son identité physique, physiologique, génétique, psychique, économique, culturelle ou sociale ».
Les informations que les utilisateurs de montres connectées entrent dans le système sont des informations qualifiées de données personnelles. Cela soulève des interrogations quant à la manière de protéger ces données. Pour illustration, en 2021, les utilisateurs des objets Apple et Fitbit ont été victimes de fuite de données personnelles. Ainsi il est possible d’émettre une certaine critique des nouvelles technologies dans le domaine sportif.
L’amélioration des performances des sportifs via les innovations
Il y a quelques années, les sportifs de haut niveau pouvaient seulement compter sur leur talent. A présent, l’innovation s’unit avec leur savoir-faire, la victoire se joue sur le moindre détail. En effet, la technologie est devenue l’un des paramètres principaux pour repousser la performance sportive.
De nombreux exploits peuvent être cités comme le record du monde du marathon effectué par le kényan Eliud Kipchoge avec l’aide de logiciels de simulation afin de déterminer le meilleur parcours possible. Des performances toujours plus incroyables grâce à toujours plus d’innovation : voici le défi des nouvelles technologies.
Les nouvelles technologies ont également un impact considérable sur les sportifs handicapés. Les technologies de l’électronique, de l’informatique et de la robotique ont permis de développer des prothèses et des exosquelettes pour les sportifs amputés leur permettant de reprendre leur activité sportive à haut niveau.
Les cyclistes malvoyants ont à présent la possibilité d’utiliser la 5G afin de se diriger lors de leurs courses. Ce fut le cas du champion paralympique Tristan Bangma en 2020. Vodafone lui a permis de courir en solo grâce à une invention prototype composée de deux scanners disposés sur son vélo pour cartographier la piste et les coureurs aux alentours. Le son reçu lui permet d’entendre les vélos autour de lui et de se diriger sur la piste en anticipant les positions de ses concurrents. Cette prouesse est possible grâce à la rapidité de la 5G.
Ces technologies aident-elles excessivement les sportifs ?
Les technologies peuvent avoir un impact positif sur les sportifs, en les aidant à atteindre leur plein potentiel, à réduire les risques de blessures et à suivre leur état de santé. A l’inverse, elles peuvent donner un avantage injuste aux sportifs qui les utilisent, en les rendant plus performants que les sportifs qui ne disposent pas des mêmes technologies.
Des inquiétudes peuvent être émises concernant l’utilisation excessive des technologies et l’impact qu’elles peuvent avoir sur les sportifs. Il y a des craintes que les sportifs deviennent trop dépendants des technologies pour améliorer leurs performances et qu’ils perdent leur capacité à participer aux compétitions de manière naturelle.
L’utilisation des nouvelles technologies doit être encadrée pour éviter l’utilisation abusive et pour garantir que les sportifs ne soient pas pénalisés. Les organismes sportifs internationaux et les fédérations ont la responsabilité de réglementer l’utilisation des technologies pour garantir l’équité sportive.
A titre d’exemple, en 2020, le World Athletics a dû se prononcer sur une paire de chaussures Nike : les « Vaporfly ». Cette paire de chaussures améliorerait d’environ 4% une vitesse de course de 18km/h. Il est indéniable que les nouveaux équipements ne doivent pas empêcher le sport de rester juste. Cette question a été mise en avant en 2009 concernant l’égalité des performances : la fédération d’athlétisme a dû décider si le sportif paralympique Oscar Pistorius pouvait participer aux Jeux Olympiques de 2012 aux côtés de sportifs valides. Certains arguaient que ses prothèses de jambes optimisaient excessivement ses performances. La fédération a finalement laissé l’athlète participer aux JO.
Les fédérations et associations sportives vont donc devoir régir de nouvelles règles afin d’encadrer l’arrivée massive des nouvelles technologies.
Lise Bujon
M2 Cyberjustice – Promotion 2022/2023
Sources:
En sport, la frontière est mince entre innovation et dopage technologique (lemonde.fr)
Les innovations dans le handisport – Groupe BRANDON (brandon-valorisation.com)
