Le contexte actuel de guerre entre la Russie et l’Ukraine influence l’Europe et donc indéniablement la France, et cela, dans différents domaines, tels que la politique, l’économie mais également technologiques. En effet, dans une ère où les nouvelles technologies font partie intégrante de notre société, l’impact numérique ne peut être sous-évalué.
Le site Perial définit le « blackout » comme étant une coupure généralisée de l’approvisionnement en électricité sur toute ou partie d’un territoire. Cette coupure peut ainsi être la cause d’un déséquilibre sur le réseau où la demande est fortement supérieure à la capacité de production.
Le risque de black-out est-il réellement fondé pour l’hiver 2023 ?
Historiquement, la situation dans laquelle la France est à l’arrêt a déjà eu lieu, le 19 décembre 1978. Une majorité du pays était ainsi plongée dans le noir pendant plus de quatre heures. Le problème en cause était un poste EDF, près de Nancy, qui s’est retrouvé surchargé au vu d’une surconsommation des Français. Le câble reliant la Lorraine à la région parisienne avait cessé de fonctionner.
Face à la cessation de l’approvisionnement par les gazoducs russo-européens, les capacités énergétiques européennes mais aussi françaises se retrouvent directement menacées. Ce scénario catastrophe est-il sur le point de se reproduire en 2023 ?
Le gouvernement tente de diminuer l’incidence de ces conséquences.
Pour ce faire, des mesures protectrices sont créées: chèque énergie ou encore bouclier tarifaire.
Il apparaît que cette menace n’est plus caractérisée. En effet, le gestionnaire du transport routier d’électricité (RTE) a indiqué dans un communiqué publié le 14 septembre 2022 que malgré un « risque de tension accru sur le réseau électrique », cela serait tout de même « maîtrisable grâce à une forte mobilisation » des usagers par des économies d’énergie. Toujours, selon ce dernier, « en aucun cas, la France ne court un risque de black-out. »
Cela est rassurant, malgré le risque de délestage, qui se définit comme étant l’action de supprimer de façon momentanée la fourniture de courant électrique dans un secteur du réseau.
Quelles seraient les conséquences numériques quant à un black-out ?
Concrètement, au vu de l’utilisation indispensable des technologies et du numérique de nos jours, comment la société numérique pourrait-elle gérer un black-out ?
Il convient d’évoquer la théorie des systèmes, selon laquelle, il n’existe pas de réseau parfaitement sécurisé à 100%. Les nombreuses variables sont impossibles à prévoir. Ainsi, cela ne serait pas étonnant que si la possibilité d’un black-out informatique se présente un jour, elle ne serait pas prévisible.
Tous les milieux professionnels sont interconnectés, cela rend la menace de black-out ou de coupures temporaires d’électricité d’autant plus inquiétante. Aucun domaine ne serait évité, que cela soit les banques, les services publics (hôpitaux, enseignement, réseau de transport), les entreprises et commerces de proximité, et d’autres encore.
Concernant les hôpitaux, les services de santé sont alimentés énergétiquement tel que le service des urgences avec des équipements médicaux (IRM, scanner, blocs opératoires). L’hôpital de Payerne, en Suisse s’est par ailleurs préparé à ce scénario de délestage. Il a réalisé une simulation de panne totale pour s’y préparer au mieux en cas de réelle coupure d’électricité.
Par ailleurs, l’aspect économique de la perte d’Internet n’est pas négligeable. La plupart des données financières sont stockées sur des serveurs, qui dépendent du bon fonctionnement du numérique. La conséquence de cet aspect économique pourrait être l’incapacité à réaliser des transferts électroniques, et ainsi à effectuer des paiements. Cela serait assez complexe vu le système bancaire actuel hyper connecté.
Est-il aujourd’hui possible d’envisager des modes alternatifs de communication ?
Les modes de communication seraient totalement différents, avec éventuellement des modes alternatifs, tels que les réseaux maillés.
Aussi appelés réseaux « mesh » , c’est une topologie de réseau dans laquelle les hôtes sont interconnectés sans point d’accès central. Ce type de technologie ad-hoc (réseau sans fil décentralisé) permet la création de réseaux auto-formés évolutifs.
Les principaux avantages de cette technologie sont son faible coût de déploiement ainsi que sa résilience. C’est un réseau dans lequel divers appareils comme les téléphones portables ou les ordinateurs personnels agissent comme des points d’accès. Ces derniers peuvent fournir une infrastructure mobile pour couvrir les zones sinistrées en cas de catastrophes naturelles, ou de censure d’Internet.
Cependant, ces réseaux ne sont pas en mesure de remplacer Internet à l’heure actuelle, mais si cette technologie est plus développée, cela pourrait être une sécurité pour les éventuels temps de crise à venir.
Enfin, cette hypothèse de black-out pourrait laisser croire à un éventuel effondrement planétaire, cependant ce n’est pas l’hypothèse la plus probable. En effet, à l’heure actuelle, près de 4 milliards d’humains n’ont pas accès à Internet, soit plus de la moitié de la population mondiale. Cette partie de l’humanité ne serait pas concernée et continuerait à vivre telle qu’elle le fait actuellement, tandis que pour l’autre partie de la population, l’impact se ferait ressentir immédiatement.
Hanan KAICHOUH
M2 Cyberjustice
Promotion 2022-2023
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/black-out-1978-electricite-surconsommation