You are currently viewing Wish : la plateforme bannie en France

Plateforme d’e-commerce, Wish propose à ses utilisateurs toutes sortes d’objets, que cela soit des vêtements, des bijoux, ou même encore des téléphones mobiles, etc. Et ce, à prix ridiculement bas. Toutefois, si vous cherchez à vous faire plaisir sans débourser une somme importante, c’est désormais impossible puisque Wish a disparu des moteurs de recherche ainsi que de la liste des applications proposées sur smartphone.

Ouverte depuis 2010, la plateforme Wish est surtout connue du grand public depuis 2018. Son succès s’explique facilement par la large variété d’objets proposés à la vente, ainsi que de leurs prix qui sont bien en dessous des prix pratiqués en magasins ou sur n’importe quelle autre plateforme en ligne.

Toutefois, nombreux sont les clients qui se sont plaints de leur commande passée sur Wish. Que ce soit le délai d’expédition excessivement long avec parfois à la clé, perte ou détérioration du colis, la défectuosité du produit ou bien encore la non conformité de l’objet à celui qu’ils pensaient avoir commandé, les critiques sont multiples. Pourtant, cela n’a pas empêché la plateforme d’attirer de plus en plus de clients. Mais cela a fini par attirer en France, l’attention de la Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), gérée par le Ministère de l’Économie. En effet, celle-ci a ouvert une enquête sur les pratiques de la plateforme d’e-commerce en 2020, qui vient désormais de se conclure. Après avoir examiné 140 produits différents vendus sur Wish, la DGCCRF a conclu que « la plupart étaient non conformes, voire dangereux ». De ce fait, elle a finalement enjoint les moteurs de recherche de lancer une procédure de déréférencement à l’encontre de la plateforme. Selon la CNIL, le fait de déréférencer consiste à supprimer un ou plusieurs résultat fournis par le moteur de recherche à l’issue d’une requête effectuée à partir d’un mot ou d’une identité. De ce fait, si vous tapez désormais « Wish » dans votre moteur de recherche, vous n’aurez aucun lien vous permettant d’accéder à la plate-forme. Comme l’on peut s’en douter, c’est un véritable coup de massue pour l’entreprise américaine. 

Cependant, nous pouvons formuler plusieurs critiques à l’encontre de cette mesure qui n’est pas aussi efficace qu’elle n’y paraît à première vue. 

Dans un premier temps, les moteurs de recherche disposaient d’un certain délai pour répondre à la demande de déréférencement de la DGCCRF. De ce fait, si Bing ou Qwant ont agi rapidement, cela n’a pas été le cas de Google qui a mis plus de temps à déréférencer. La plateforme était donc toujours accessible pour le Black Friday, probablement le jour le plus important en terme de nombre de commandes pour les sites de e-commerce. 

Cependant, tous les moteurs de recherche ont désormais supprimer de leurs résultats de recherche, le lien vers la plateforme. De plus, si vous possédez un iPhone, il n’est plus possible pour vous de télécharger l’application Wish via l’Apple Store.

Pour continuer, cette mesure de déréférencement peut facilement être contournée, et ce, de deux façons. Vous pouvez tout d’abord toujours accéder à la plateforme en tapant dans la barre URL de votre navigateur, l’adresse complète du site de e-commerce. Ensuite, l’usage des VPN (réseaux privés virtuels) s’est démocratisé, si bien que beaucoup en utilisent et ont ainsi accès au site depuis un autre Etat.

Enfin, Wish ne s’est pas laissée faire, puisque le 27 novembre 2021, ses avocats ont déposé un recours de cette mesure devant le tribunal administratif. L’audience fut d’ailleurs programmée pour le 10 décembre 2021. 

Nous ne pouvons donc pas savoir quelle sera l’issue de cette affaire, mais nous pouvons affirmé que cette mesure a fait plus de bruit et coulé plus d’encre qu’elle n’a été pourvue d’une réelle efficacité.

 

Laura STAHN

M2 Cyberjustice 2021-2022