Le besoin en réseau Internet n’a cessé de s’accroître au fil de ces dernières décennies, ce qui nécessite donc un apport important pour pouvoir être en mesure de connecter chaque foyer. Toutefois, nous sommes beaucoup à ignorer que le réseau Internet qui circule dans les câbles sous nos rues ne représente qu’une infime partie du schéma d’approvisionnement. En effet à l’heure actuelle, près de 99% du réseau Internet, transite par des câbles sous-marins. Or, ces câbles sont à l’épreuve de diverses menaces quotidiennes.
Pour commencer, les câbles sous-marins dont notre connexion à Internet dépend tous les jours, sont menacés par de potentielles catastrophes naturelles comme les séismes. Ainsi, la première grande panne de cet ordre a touché l’est de l’Asie en décembre 2006 lorsque plusieurs tremblements de terre d’une magnitude de 6,4 à 7,1 sur l’échelle de Richter ont endommagé plusieurs câbles sous-marins. Cela a perturbé la majeure partie des communications téléphoniques en provenance de l’Asie du Sud-est, de Corée du Sud et de Chine à destination du Japon, des États-Unis et de l’Europe. Par ailleurs, beaucoup ont rencontré des difficultés à accéder à des sites hébergés sur des serveurs autres que locaux. De ce fait, 57% de la population chinoise a affirmé être affectée dans son travail et/ou dans sa vie quotidienne selon un sondage effectué grâce au portail Sina.com. L’Asie du Sud-est s’est donc retrouvée impactée pendant plusieurs jours par cette coupure, les solutions proposées n’étant pas suffisamment aptes à traiter le volume important des données en cause. La réparation de ces câbles endommagés a pris plusieurs semaines en raison de l’ampleur des dégâts et de leur localisation qui pouvait rendre délicates les opérations de réparation.
Outre les dangers que représentent les catastrophes naturelles et d’éventuels incidents isolés où un bateau de pêche en jetant l’ancre endommage un câble sous-marin, le réseau Internet aquatique est également à l’épreuve des enjeux géopolitiques. En effet, si aucun État ne possède à proprement parler de câbles sous-marins détenus pour les 3/4 par les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), la question des connexions sous-marins fait l’objet d’une bataille de souveraineté constante entre les États. Ces derniers peuvent ainsi empêcher l’atterrissage de certains câbles sur leurs côtes afin de perturber la connexion d’un autre État. Toutefois, cela peut aussi s’inscrire dans le cadre d’une éventuelle guerre numérique, où un État endommagerait les connexions sous-marines pour empêcher l’autre État de se connecter à Internet et ainsi le couper du reste du monde. Cela peut être particulièrement vrai pour les États des continents africain et sud-américain qui sont peu reliés par les connexions et où un État ne dispose que d’un seul câble pour l’alimenter en réseau. En 2019, les 100 000 habitants des îles Tonga ont été privés d’Internet et donc de communication avec le reste du monde pendant plusieurs semaines, car leur unique câble avait été sectionné. Toutefois, en plus d’attaques pour endommager les câbles, ces derniers peuvent aussi faire l’objet de surveillance étatique. Ainsi, la France se réserve le droit d’intercepter les données circulant par ces câbles « aux seules fins de défense et de promotion des intérêts fondamentaux de la Nation ». Mais il apparaît clairement que cette surveillance pourrait vite se transformer en espionnage.
Ainsi, les connexions sous-marines représentent les forces et les faiblesses de certains États et si nous sommes limités concernant leur protection contre les aléas naturels, outre le fait d’effectuer des travaux de renforcement réguliers et faire attention aux endroits où elles sont placées, nous pouvons engager le dialogue entre les États afin d’aboutir à une convention internationale garantissant la protection de ces câbles, et ce surtout en temps de guerre.
Laura STAHN
M2 Cyberjustice 2021 / 2022