Un nouveau service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères est né : Viginum.
C’est une agence nationale de lutte contre les manipulations de l’information qui a été mise en place en France. Ce service devait être opérationnel le 15 octobre 2021. Il a une compétence nationale et il est rattaché au secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).
Présentation
L’ADN de Viginum repose sur trois valeurs fondamentales : l’expertise, la coopération et l’objectivité :
- L’expertise : au travers de la constitution d’une équipe de spécialistes pluridisciplinaires, ce qui permettra une approche transversale et la garantie d’une meilleure efficacité.
- L’objectivité : l’impartialité au service de la mission.
- La coopération : c’est un service qui va travailler main dans la main avec des acteurs aussi bien publics que privés mais également avec le monde académique afin de lutter contre la manipulation de l’information.
Les missions principales
Cette agence va avoir pour rôle et pour mission d’étudier les modes opératoires et techniques qui vont amplifier la diffusion d’un contenu en ligne, au travers notamment des hashtags et des profils inauthentiques, comme des « bots » (machines) ou des trolls.
Elle va analyser les publics visés et les effets recherchés quant à la narration des informations, afin de remonter à leur origine.
C’est un travail d’intelligence stratégique ayant pour but de cartographier les interactions entre les différents acteurs étrangers, qui peuvent s’immiscer au sein de notre débat démocratique.
La France surveille les acteurs malveillants notamment d’origine russe, chinoise ou encore turque. Lorsqu’une campagne étrangère, qui paraît hostile, va être caractérisée comme telle et ses auteurs identifiés par Viginum, c’est l’Etat qui décidera de lancer ou non une stratégie de réponse contre un pays.
Fonctionnement
Plusieurs étapes ont été nécessaires avant d’arriver à sa mise en place. Dans un premier temps, il a fallu attendre le feu vert de la commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), qui avait été saisie en juillet 2021, afin de donner un cadre quant à la capacité pour Viginum de collecter des données publiques sur les réseaux sociaux. De plus, il a fallu lancer un projet de décret, afin de préciser le cadre opérationnel légal du service. Enfin, les outils ont pu être ajustés pour permettre le lancement des appels d’offres et trouver des prestataires.
Néanmoins, Viginum n’a aucun rôle décisionnel. Une fois une campagne hostile repérée, c’est l’Etat français qui doit décider ou non de répondre à celle-ci et d’en fixer les modalités. Il peut d’une part décider de révéler les ingérences au grand public, de geler des accords commerciaux ou également d’engager des opérations plus discrètes.
Une nouvelle arme française ?
Ce n’est que depuis le 7 décembre 2021, et avec quelques mois de retard, que le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères a pu être déployé.
Il faut reconnaitre malgré tout que l’activité exercée par cette nouvelle agence est particulièrement sensible. En effet, elle est chargée de traquer les campagnes d’influence qui peuvent impliquer un Etat étranger ou une entité non étatique étrangère.
De plus, elle peut collecter des contenus publiquement accessibles sur les plateformes ayant plus de 5 millions de visiteurs par mois en France. Cette collecte est définie à partir des critères choisis lors de travaux de veille, comme des mots clés ou des hashtags, et pour une période d’une semaine renouvelable, et ce jusqu’à six mois.
Le défi majeur de cette agence est de s’organiser avec les autres acteurs étatiques, qui sont déjà en charge de la contre ingérence et du renseignement intérieur (DGSI) ou extérieur (DGSE), tout en s’articulant avec le travail des plateformes sur les campagnes d’influence. De plus, cette nouvelle agence n’ayant aucun pouvoir de réquisition sur les acteurs du numérique, son action se limitera à de simples échanges d’informations bilatéraux.
Un dernier problème a été soulevé très récemment. Il s’agirait, selon un rapport de Facebook en date de mai 2021, que les opérations d’influence qui ont été détectées proviennent de pourvoyeurs tricolores, et non d’ingérences étrangères. Au regard des compétences attribuées à Viginum, si tel était le cas cette agence serait donc inefficace dans ce type de situation.
BELDA Clarisse – M2 Cyberjustice – Promotion 2021/2022
Sources :
https://lactu.playbacpresse.fr/article/viginum-larme-anti-fake-news-etrangeres-du- gouvernement
http://www.sgdsn.gouv.fr/le-sgdsn/fonctionnement/le-service-de-vigilance-et-de-protection- contre-les-ingerences-numeriques-etrangeres-viginum/
http://www.sgdsn.gouv.fr/communiques_presse/viginum-le-dispositif-de-protection-contre- les-ingerences-numeriques-etrangeres-se-structure/
https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/sept-questions-sur-viginum-nouvelle- agence-contre-les-cyber-attaques-etrangeres-1355306
https://www.liberation.fr/politique/elections/cyberingerence-viginum-traque-les-contenus- pas-nets-20220202_Z534K2VNQBF6RMIOKGKBUJU5GA/
