You are currently viewing Second mandat de Trump : Quels impacts dans le monde de la tech ?

La réélection de Donald Trump pourrait bouleverser profondément le secteur technologique en raison de son approche de déréglementation, contrairement à Joe Biden. Ce dernier avait imposé des garde-fous à l’Intelligence Artificielle (IA) et encouragé une certaine régulation des plateformes numériques. Trump propose une vision plus libérale qui offre davantage de liberté aux grandes entreprises technologiques. 

L’alliance nouvelle entre Trump et Elon Musk laisse présager des réformes radicales, tandis que la Silicon Valley, libérée des restrictions précédentes, pourrait retrouver une grande autonomie. Cette approche, bien qu’attrayante pour les grandes entreprises américaines, soulève des inquiétudes tant au niveau national qu’international. 

Vers une politique de ‘’free for all’’. 

Sous l’administration de Joe Biden, l’Intelligence Artificielle (IA) était strictement encadrée afin de renforcer la confiance et prévenir les risques induits par l’utilisation d’une telle technologie. Cela s’est traduit par des initiatives comme l’Executive Order on the Safe, Secure, and Trustworthy Development and Use of Artificial Intelligence. 

Trump prévoit de renverser cette tendance pour encourager un développement rapide et peu encadré de l’IA, une décision qui réjouit déjà certaines entreprises de la Silicon Valley. En matière de technologie, la politique de ’’free for all’’ de Trump encourage une approche où il n’y aurait quasiment aucune régulation en supprimant les garde-fous qui encadrent actuellement le développement de l’IA. Cela concerne, par exemple, les exigences liées à la transparence des algorithmes et la gestion des biais dans l’IA. 

Ces changements suscitent des inquiétudes concernant la sécurité et la gestion des données car une approche plus permissive pourrait multiplier les cas d’utilisation d’IA à haut risque. Les entreprises pourraient par exemple développer des technologies de surveillance et de reconnaissance faciale sans mesures de protection adéquates, menaçant la vie privée et la sécurité des individus. De plus, en l’absence de tout contrôle, l’IA pourrait augmenter la diffusion de désinformation ou de contenus biaisés dans des domaines sensibles comme l’emploi, la santé ou la justice. 

Par sa politique, Trump facilitera l’innovation des grandes entreprises technologiques américaines. Par l’allégement des contraintes réglementaires et en favorisant une plus grande autonomie, la rentabilité de ces entreprises va exploser. Cependant, cette dynamique pourrait accentuer les déséquilibres avec l’Europe, où des régulations comme le Digital Services Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA) encadrent strictement l’activité des entreprises numériques.

Donald Trump a d’ailleurs affirmé que Tim Cook, le PDG d’Apple, l’avait appelé par le passé pour se plaindre de l’amende de 13 milliards d’euros qui lui a été infligée par l’Union européenne et des réglementations européennes qui limitent son développement. 

La perspective de droits de douane renforcés pourrait également affecter les entreprises européennes si Trump décide d’imposer des taxes plus élevées pour défendre les intérêts des entreprises américaines. Les entreprises européennes seraient alors obligées de revoir leurs stratégies en matière de production et d’investissement aux Etats-Unis. 

De plus, l’impact de telles mesures sur les entreprises américaines pourrait être mitigé. Bien que la Silicon Valley y gagne en liberté d’action, les chercheurs de la Tax Foundation estiment que l’augmentation des droits de douane pourrait entraîner la suppression de 597 000 emplois à temps plein. En retrouvant une plus grande autonomie, la Silicon Valley pourrait aussi s’isoler progressivement du marché technologique mondial, risquant d’affaiblir sa compétitivité à l’international. 

La montée en puissance d’Elon Musk. 

Elon Musk est récemment devenu l’un des alliés les plus influents de Donald Trump et il va jouer un rôle crucial dans l’administration américaine suite à la réélection de Trump. Ayant soutenu financièrement sa campagne, il devrait diriger le ministère de ‘‘l’efficacité gouvernementale’’ avec pour objectif d’auditer et de restructurer les agences fédérales américaines.

Dans un discours du 5 septembre 2024 à New York, Trump a précisé que cette initiative viserait à réduire la bureaucratie et à rationaliser les dépenses. Notamment en supprimant les dépenses frauduleuses et inefficaces, ce qui pourrait impliquer une réduction significative du personnel fédéral. 

Un tel projet, s’il aboutissait, permettrait à Musk de renforcer son influence non seulement sur les décisions de gouvernance mais aussi sur les industries liées à ses propres entreprises, telles que SpaceX, Tesla et Starlink, toutes partiellement régulées par l’Etat fédéral. Une diminution de la régulation favoriserait les intérêts de ces sociétés, tout en limitant drastiquement le pouvoir de surveillance des agences fédérales qui étaient jusqu’alors chargées d’encadrer les secteurs critiques. 

Un tel élan d’ultra-libéralisme économique soulève des préoccupations. En concentrant un tel pouvoir entre les mains de Musk, les garde-fous habituels des secteurs technologiques vont considérablement s’affaiblir. Il reste à voir également comment une telle dynamique influencera les autres entreprises de la Silicon Valley. 

Le retournement de position sur Tiktok. 

La question de Tiktok était un sujet controversé sous sa précédente administration et illustre le virage de Trump qui a récemment adouci sa position en ne cherchant plus à interdire l’application appartenant au groupe chinois ByteDance. 

A l’époque, Trump avait ordonné que ByteDance se sépare de Tiktok en invoquant des préoccupations de sécurité nationale et de protection des données. Toutefois, alors que Joe Biden a signé le 24 avril 2024 une loi qui interdit Tiktok depuis janvier 2025, Trump a exprimé son soutien à la plateforme. Il a même rétabli l’accès à Tiktok pour une durée de 90 jours avec pour objectif de trouver un accord afin que la filiale américaine soit vendue par la société mère chinoise. 

Ce revirement pourrait être motivé par la volonté de lutter contre l’influence de certains réseaux sociaux hostiles, comme META et son PDG Mark Zuckerberg. Même si ce dernier, qui était autrefois perçu comme un adversaire en raison d’un supposé parti pris contre Trump, semble aujourd’hui avoir changé de position et s’être rapproché de lui. 

Ce changement de position a été bien accueilli par les utilisateurs américains de la plateforme et témoigne d’une position plus flexible vis-à-vis de la Chine, contrastant avec la politique stricte de Joe Biden concernant la sécurité nationale. Plutôt qu’une interdiction totale, Trump semble désormais vouloir encourager la concurrence entre les plateformes, tout en évitant de renforcer les rivaux. 

 

Raphaël Ormezzano 

Master 2 Cyberjustice 2024/2025

 

Sources : 

https://www.nytimes.com/2024/11/06/technology/trump-musk-ai-crypto.html

https://taxfoundation.org/research/all/federal/donald-trump-tax-plan-2024/

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