Ce n’est pas de la science-fiction, mais bel et bien la vraie vie : l’intelligence artificielle (IA) peut totalement remplacer votre meilleur ami, votre conjoint et même un de vos proches décédés.
Grande avancée dans l’histoire de l’humanité ou summum du glauque ? Grand débat.
Les chatbot Hugging Face et Replika, de nouveaux meilleurs amis
Tout d’abord, il est intéressant de se pencher sur l’IA Hugging Face conçue par une startup franco-américaine en 2016. Il s’agit d’une application précisément destinée aux adolescents.
Elle se présente comme un chatbot, tout ce qu’il y a de plus simple. Mais bien vite, l’IA est destinée à devenir votre véritable ami.
Les conversations ont été travaillées afin d’être le plus proche des conservations réelles de la vie de tous les jours. Les liens émotionnels se créent vite.
Il existe aussi l’application Replika, créée fin 2016. Dans la même logique que Hugging Face, l’IA a vocation à devenir un confident, une oreille toujours présente qui s’adapte à vos états d’âme.
Alors, que penser de tout cela ?
Il est clair que l’IA ne peut remplacer l’humain, le physique, la réelle présence d’une personne. Pourtant, les applications de ce genre fonctionnent bien, il est possible de décompter des milliers et des milliers d’utilisateurs dans le monde.
Il est tout à fait possible de penser que les développeurs exploitent la misère humaine, utilisent à leur avantage la solitude de plus en plus présente chez les jeunes adultes ou les adolescents.
Les confinements dus au COVID-19 ont, également, pu participer à l’impulsion de telles applications, à une époque où échanger à distance est devenu la norme.
Qu’en est-il de l’amour, alors ? Est-il possible de développer des sentiments envers un robot ?
L’IA, un nouveau partenaire amoureux
Par exemple, en Chine, une entreprise a mis au point, depuis 2014, un chatbot destiné à remplacer votre petit ami.
L’IA discute comme un véritable humain, envoie des photos, fait des blagues, des compliments, rassure l’interlocuteur qui se trouve en face. L’IA est présente pour apporter le soutien émotionnel qu’il manque très certainement à beaucoup.
En effet, l’entreprise a annoncé environ 150 millions d’utilisateurs en Chine, et bien plus à travers le monde.
Encore une fois, il est légitime de se demander si de telles applications n’exploitent pas la misère humaine, la détresse amoureuse et le sentiment d’être mal dans sa peau car célibataire. L’éthique de ce genre d’IA est discutable. La dépendance ressentie par les utilisateurs peut être dangereuse.
L’IA, plus fort que la mort
Dernier point, et pas des moindres : l’IA destinée à remplacer un de vos proches décédés. Elle est peut-être là, la véritable limite au développement de tels algorithmes.
Tout d’abord, avec l’IA Digital Shaman, créée en 2019, une ingénieure japonaise, Etsuko Ichihara, a mis au point un projet tout à fait surprenant.
Il s’agit d’équiper un robot d’un masque 3D représentant le visage d’un proche décédé. L’IA est ensuite nourrie des caractéristiques de ce proche, sa manière de se comporter et de s’exprimer.
Petite précision cependant, le robot n’a qu’une durée de vie de quarante-neuf jours, durée du deuil dans la religion Bouddhiste.
Plus brièvement, il est possible de citer les créations datant de 2016 et de 2017 d’un américain et d’une russe. Les deux ont créé des chatbots et les ont nourris avec des conversations électroniques échangées avec leurs proches décédés.
Psychologiquement, utiliser de telles IA a de grandes conséquences.
Vivre dans le déni, refuser la mort, difficulté à faire le deuil … Et la liste est encore longue. Mais toute la question est de savoir, de décider si l’avancée technologique a des limites et, surtout, à quel moment elle se heurte à la morale.
Grande question mais des limites sont nécessaires, c’est certain.
Fiona Vercelli
M2 Cyberjustice – Promotion 2022-2023
Sources :
– L’intelligence artificielle commence à faire parler les morts | Les Echos
– Ne cherchez plus, le petit ami idéal est une intelligence artificielle (journaldugeek.com)
– Replika : Un compagnon virtuel exemplifiant les dérives de l’intelligence artificielle | IREDIC