Il est coutume de dire qu’entre la fiction et la réalité, il n’y a qu’un pas. Plus encore, que le genre science-fiction n’est qu’un avant-goût de ce qu’il risque d’arriver dans un futur proche.
L’épisode Chute Libre de Black Mirror : la satire du monde trop connecté
Grande série au succès retentissant, créée en 2011, Black Mirror met en place dans chaque épisode une dystopie, une utopie qui montre rapidement ses failles, avant de virer totalement au chaos.
Ce qui est intéressant, voire un peu effrayant, c’est qu’aucune date précise n’est indiquée dans les épisodes. Si bien qu’il est tout à fait possible d’imaginer que de tels évènements puissent arriver demain, dans quelques mois, dans plusieurs années.
Plus précisément, il s’agit de l’épisode 1 de la saison 3 : Chute libre, paru en octobre 2016.
L’histoire de Lacie, jeune femme évoluant dans un monde tout à fait plausible, est présentée. Ici, tout est lié à une application sur laquelle chaque individu est noté selon son comportement. C’est une sorte d’échelle sociale, allant de 1 à 5.
Tout l’enjeu est d’avoir une note qui se rapproche le plus de 5, note dédiée au citoyen modèle, respecté, envié de tous. Une véritable domination, en somme.
Les individus se rapprochant de la note de 1, en revanche, se voient rejetés et n’ont plus accès à certains services.
Un épisode se voulant être une satire d’un monde régi par les apparences, les réseaux sociaux et la bonne conduite à tout prix.
Simple science fiction ou réalité future ?
Une application qui suivrait le moindre des mouvements des citoyens, qui les traquerait, qui serait capable d’établir un profil type selon leurs recherches et qui les noterait en fonction de leurs choix, de leurs comportements…
Est-ce vraiment si inimaginable aujourd’hui ?
Il est évidemment aisé de faire le rapprochement avec la surveillance numérique qui a été mise en place en Chine.
Instituée par la police du Xinjiang, il s’agit d’une application de surveillance qui traque les citoyens dans leurs déplacements quotidiens.
L’objectif est de prédire et détecter des comportements suspects.
En outre, il est également possible de prendre l’exemple du système du crédit social, toujours chinois, qui est chargé d’observer les citoyens et de déterminer si leurs actions sont « bonnes » ou « mauvaises ».
Les chinois qui se comportent « bien » se voient récompensés de bien des manières allant jusqu’à l’accès à des emplois privilégiés.
En revanche, les citoyens dont le comportement est retenu comme mauvais sont inscrits sur des listes noires et n’ont parfois plus accès à certains services.
Ils peuvent même subir une humiliation publique avec la diffusion de leurs profils dans des lieux publics.
À travers ces deux exemples, l’épisode présenté ci-dessus ou plus globalement la science-fiction, n’apparaît pas vraiment comme un récit totalement inimaginable. Avec la place quasi omniprésente des réseaux sociaux, des systèmes de notation et autres applications de suivi, un tel scénario ne semble pas tiré par les cheveux.
Après tout, il existe déjà des logiciels permettant de noter des restaurants, des spectacles, des hôtels, des lieux historiques.
Il est aussi tout à fait possible de donner son avis sur des artistes, des comédiens, des acteurs, des figures politiques. Alors, la prochaine étape serait logiquement de pouvoir noter son voisin, son compagnon, ses collègues de travail.
Qu’en est-il des droits, des libertés ? L’avenir sera-t-il de vivre dans une société où les moindres faits et gestes sont sans cesse surveillés ?
L’épisode de Black Mirror, Chute libre, fait état d’un monde totalement lisse, trop pur, d’une hypocrisie sans précédent. Risquer de blesser l’autre est la plus grande peur. La liberté d’expression n’est plus. Pas plus que les opinions divergentes. Le débat est figé. Les avancées contrôlées. Le monde a perdu de sa saveur.
Fiona Vercelli
M2 Cyberjustice – Promotion 2022-2023
Sources :
Black Mirror, saison 3. Tais-toi et danse ! | by Nicolas Winter | Juste un mot (justaword.fr)
La Chine en route vers une «dictature numérique»? | L’Apostrophe (apostrophemag.ca)