You are currently viewing Ukraine c/ Russie : Quand le numérique se transforme en arme

Alors que depuis quelques semaines, le continent européen connait un nouveau conflit armé majeur à travers l’attaque de l’Ukraine par la Russie, nous constatons que le numérique est utilisé par les russes comme une arme, afin de déstabiliser et de paralyser le fonctionnement du gouvernement ukrainien et de ses institutions.

Jeudi 24 février 2022, le monde se réveillait pour découvrir que la Russie avait lancé une opération militaire majeure à l’encontre de l’Ukraine. Toutefois, les bombardements, chars et armes ne sont pas les seuls moyens à disposition de l’armée russe pour s’attaquer au gouvernement et au peuple ukrainien. En effet, le numérique est également employé et ce, de plusieurs manières.

Ainsi, depuis le 23 février 2022, des banques et services gouvernementaux ukrainiens se trouvent en difficulté pour assurer la continuité de leurs services puisqu’ils subissent plusieurs cyberattaques qualifiées de déni de service. Cela consiste à surcharger le serveur en raison d’un trop grand nombre de requêtes erronées que celui-ci n’est pas en mesure de traiter[1]. Une telle attaque informatique a pour but d’empêcher les utilisateurs légitimes du service de l’utiliser. En l’espèce, les serveurs des ministères de la défense et de l’intérieur ukrainiens ont été touchés, ce qui a pu rendre difficile voire impossible la communication d’informations critiques entre ces services essentiels. Par ailleurs, dans la nuit du 25 au 26 février 2022, d’importantes perturbations sur le réseau internet ont été relevées, alors que la ville de Kiev, capitale de l’Ukraine est au centre du conflit. Les russes essayent de s’emparer de la ville, tandis que les ukrainiens tentent d’en garder le contrôle.

Une telle utilisation des outils numériques a plusieurs buts. Tout d’abord, cela a permis de propager, avant même que l’attaque physique ne débute, un sentiment de panique au sein de la population ukrainienne. Cela a aussi permis d’impacter l’économie du pays, certaines entreprises étant touchées par des cyberattaques. Puis, cela perturbe le fonctionnement du gouvernement ukrainien, rendant la préparation de sa réponse à l’attaque difficile. Toutefois, si ces attaques informatiques sont dirigées contre des entités ukrainiennes pour le moment, elles peuvent avoir des répercussions sur d’autres États. En effet, si une entreprise ukrainienne possède une filiale se situant sur le territoire d’un autre État, cette filiale peut également être touchée par l’attaque informatique. Par ailleurs, les gouvernements alliés de l’Ukraine s’inquiètent également de devenir dans les jours qui viennent, les cibles de cyberattaques russes après avoir décidé de plusieurs sanctions à l’encontre de la Russie. Ainsi, lors du Conseil de Défense français ayant eu lieu le 24 février 2022, le seuil d’alerte en matière informatique a été relevé au plus haut niveau, invitant de ce fait, tous les acteurs du cyberespace à la plus grande vigilance.

Pourtant, la Russie n’est pas seule à utiliser le numérique comme une arme. En effet, le collectif de hackers Anonymous, a annoncé sur son compte Twitter être en « cyber war » contre la Russie suite à l’invasion de l’Ukraine. Ils ont ainsi annoncé s’être attaqués au média RT financé par des investissements, ainsi que la page du ministère de la Défense russe la rendant indisponible dans la journée du vendredi 25 février 2022. Ainsi, si ce nouveau conflit armé nous apprend une chose, c’est bien la prise en compte par les États du danger que peut représenter l’emploi du cyber espace dans une telle situation. L’armée ukrainienne a donc demandé aux citoyens, par le biais de ses réseaux sociaux, de limiter la publication de photographies et vidéos qui pourraient ainsi donner des indications à l’armée russe sur la position des soldats ukrainiens. Pour le moment, le numérique n’est qu’un soutien à la force physique mais on peut supposer qu’un jour, les conflits armés laisseront place à des guerres se déroulant uniquement dans le cyber espace.

[1] https://www.futura-sciences.com/tech/definitions/internet-deni-service-2433/

 

Laura Stahn

Master 2 Cyberjustice – promotion 2021-2022

A propos de COMED 2021/2022