You are currently viewing L’intelligence artificielle : opportunité ou menace pour les droits de l’homme ?

L’intelligence artificielle (IA) est introduite dans de nombreux aspects de nos vies, tels que dans la santé, l’éducation, les élections, les finances et évidemment les droits de l’homme. D’une part, nous profitons des nouvelles opportunités créées par l’intelligence artificielle, mais d’autre part nous n’avons pas une image claire de la protection de nos droits fondamentaux au cours de cette révolution algorithmique. Ainsi, pouvons-nous constater que l’intelligence artificielle est une menace pour nos droits ? Dans un premier temps, nous analyserons les raisons pour lesquelles l’IA est considérée comme une menace pour les droits de l’homme ; et puis, dans un second temps, nous examinerons si l’homme peut jouir de ses droits grâce à l’application de l’IA.

Tout d’abord, dès sa création, l’IA nous a amené à nous poser plusieurs questions concernant la vie privée et la sécurité des personnes. Prenons le cas de nos smartphones, ordinateurs portables ou nos enceintes connectées, nous sommes souvent surpris de voir apparaître une publicité pour un produit dont nous venons de parler. Comment pouvons-nous parler en toute confiance de la protection de notre vie privée alors même que nos appareils nous écoutent en permanence ? N’oublions pas que le droit au respect de la vie privée et familiale est l’un des droits fondamentaux des individus.

De surcroît, vue que l’IA est en pleine expansion, le gouvernement estonien développe – le «  Juge Robot » qui est censé « automatiser » le traitement des petits litiges de moins de 7 000 euros. Cependant, la notion de petits litiges est relative. C’est pourquoi, une violation des droits de l’homme peut nécessiter l’examen d’une requête par un juge, personne physique, si elle concerne des questions de principe importantes quel que soit l’intérêt patrimonial en jeu. Rappelons que, le droit à un procès équitable est une garantie fondamentale dans toute société démocratique.

Enfin, l’expression « biais algorithmique » signifie que l’IA commet des fautes discriminatoires ce qui devient souvent un sujet de discussion. Par exemple, la reconnaissance faciale, parfois, confond les gens innocents avec les criminels. Les algorithmes des réseaux sociaux considèrent certains postes comme des contenus haineux et les bloquent alors qu’ils ne le sont pas toujours. Étant donné que, l’IA confond des photos de muffin avec celles de chien chihuahua ou des dizaines d’autres, pouvons-nous considérer qu’elle est impartiale pour distinguer ce que sont les discours de haine et la liberté d’expression ?  

En revanche, nous ne pouvons pas nier le fait que l’IA peut aussi promouvoir certains droits de l’homme. Concernant le droit à la santé, le développement de la médecine connectée permet une santé plus accessible et plus adaptée grâce à par exemple des robots chirurgiens télécommandés, l’imagerie diagnostique, le développement de la médecine de précision, la découverte de nouveaux médicaments. Donc, la progression de la médecine connectée grâce à des systèmes algorithmiques est une contribution indéniable à la protection de la santé publique, un droit fondamental, reconnu par la Constitution de l’organisation mondiale de la santé.

En outre, il est dans la nature humaine de faire des erreurs et parfois, de telles erreurs ont des conséquences tragiques. Par exemple, lorsqu’un être humain condamne un innocent, plusieurs droits fondamentaux sont violés, comme le principe de liberté et le droit à un procès équitable. C’est pourquoi, au lieu d’utiliser l’IA pour violer la vie privée des personnes en identifiant leur sexualité contre leur volonté, pouvons-nous la rendre plus utile pour l’humanité et en tirer profit d’une manière qu’elle reconnaisse si la personne arrêtée est en fait innocente ou coupable ? Il est à noter que, chaque année des centaines de détenus innocents sont libérés de prison. Donc, l’homme ne parvient pas toujours à rendre la justice qui nécessite l’innovation. 

Finalement, l’IA peut aussi accomplir des tâches conçues pour favoriser les droits de l’homme. Prenons le droit à un logement convenable. Dans des zones sismiques, un grand nombre d’ingénieurs est nécessaire afin de construire ou de rendre les bâtiments existants plus résistants aux tremblements de terre, examiner chaque bâtiment, faire des calculs et déterminer si la construction en question est résistante aux tremblements de terre. La bonne nouvelle est que l’IA permettra la conception et la construction de bâtiments plus résistants aux tremblements de terre grâce à son système intelligent, ce qui améliorera fondamentalement les conditions du droit à un logement convenable.

Pour conclure, en espérant que l’intelligence artificielle est entre de bonnes mains, nous pouvons constater qu’elle doit être réglementée afin que nous puissions en tirer le meilleur parti pour la protection et la promotion des droits de l’homme. Cela dit, les concepteurs de l’IA ne doivent pas compromettre les droits de l’homme lors de la conception de cette dernière, et l’accès aux informations confidentielles par le système de l’IA doit fonctionner sur l’autorisation préalable de la source. De plus, du fait que l’IA est en constante évolution, il faut que les moyens juridiques de protection des droits de l’homme contre les atteintes à la vie privée tels que le RGPD soient régulièrement réexaminés et mis à jour afin de rester constants avec le niveau actuel de la technologie. 

Rafael ISMAYILOV

M2 Cyberjustice – Promotion 2020/2021