You are currently viewing Reconnaissance faciale dans les aéroports en France : quels enjeux ?

Lundi 5 octobre 2020, l’aéroport de Lyon expérimente le système « Mona », outil de reconnaissance faciale permettant d’identifier les voyageurs, censé « révolutionner l’expérience passager grâce à la biométrie ». Alors que la reconnaissance faciale est au cœur des débats, de plus en plus d’aéroports français prévoient d’utiliser cette technologie. 

  • Qu’est- ce que la reconnaissance faciale ? 

La CNIL définit la reconnaissance faciale comme une « technique qui permet à partir des traits de visage d’authentifier (…) et d’identifier une personne ». La reconnaissance faciale est à distinguer de la simple détection du visage.

En pratique, les passagers scannent leur passeport biométrique. Une caméra compare leur visage à la photo de leur passeport biométrique. La plupart du temps, ce dispositif fonctionne bien.  Pour autant, plusieurs limites peuvent être relevées.  Des problèmes techniques peuvent survenir nécessitant qu’une personne extérieure vienne procéder à un contrôle. 

  • Quels enjeux ? 

La reconnaissance faciale dans les aéroports présente un gain de temps. L’un des avantages concerne la réduction du temps d’attente en permettant de fluidifier le passage des voyageurs. L’utilisation de cette technologie dans les aéroports permet d’augmenter le nombre de personnes pouvant bénéficier de ce système

  • « Avec l’empreinte digitale, on était sur un temps moyen de 30 secondes. Avec cette nouvelle technologie on est sur un temps de moins de 20 secondes » d’après Serge Galloni – directeur de la police aux frontières de l’aéroport d’Orly – 
  • Concernant l’éligibilité : « 45 % des passagers sont éligibles pour la reconnaissance faciale contre seulement 10 % pour les empreintes digitales » 

La reconnaissance faciale dans les aéroports présente un enjeu économique. L’objectif est « d’inciter les ventes au sein des espaces commerciaux ». La majorité du chiffre d’affaires au sein des aéroports concerne les services extérieurs au domaine aéroportuaire. Selon l’association des aéroports internationaux, « ces recettes représentent 44 % du chiffre d’affaires des grands aéroports ». 

Ce dispositif poursuit une logique de sécurisation des transports. La reconnaissance faciale permet d’augmenter la capacité des autorités à sécuriser l’accès au territoire national afin de lutter contre les risques terroristes.  D’autant plus que la directive du conseil de l’Union européenne en date du 15 mars 2017 demande aux Etats membres de vérifier « l’identité et la nationalité de la personne (…) y compris par la consultation des bases de données pertinentes ». C’est dans ce contexte de lutte contre le terrorisme que le dispositif de reconnaissance faciale dans les aéroports présente un véritable enjeu. 

D’autre part, la mise en place d’un tel dispositif s’inscrit dans le contexte de lutte contre l’épidémie de covid – 19 en limitant les contacts physiques. 

  • Quelle réglementation ? 

La CNIL rappelle que la reconnaissance faciale utilise des « données biométriques », qualifiées de « données sensibles » par le RGPD. Une réglementation renforcée est donc nécessaire. Dans sa publication sur son site internet, la CNIL détaille les principes à respecter. 

Premièrement, « le traitement de données biométriques doit être nécessaire et proportionné ». 

Deuxièmement, « un recueil préalable du consentement du voyageur est nécessaire ». D’après l’article 9. 2. a du RGPD, ce consentement doit être « libre, spécifique et éclairé ».

Troisièmement, la CNIL « rappelle, de manière constante, la nécessité de privilégier leur conservation sur un support dont la personne a l’usage et le contrôle exclusif. L’objectif est de limiter le risque de piratage associé à la centralisation de gabarits biométriques dans une base de données ». Ce principe satisfait au principe de minimisation des données. L’objectif est de permettre au passager de garder un contrôle exclusif sur ses données et de limiter toute dérive. 

Quatrièmement, la CNIL recommande la réalisation d’une analyse d’impact préalable relative à la protection des données (AIPD) dès lors que le traitement est « susceptible d’engendrer un risque élevé pour les droits et libertés des personnes concernées ». 

Morgane BINNERT 

M2 Cyberjustice – Promotion 2020/2021. 

Sources : 

“Mona” : la reconnaissance faciale débarque à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry

https://www.cnil.fr/fr/definition/reconnaissance-faciale

https://rmc.bfmtv.com/emission/vacances-la-reconnaissance-faciale-testee-a-l-aeroport-d-orly-pour-accelerer-l-embarquement-1492564.html

https://portail-ie.fr/analysis/2390/reconnaissance-faciale-loperationnalisation-des-passages-automatises-rapides-aux-frontieres-exterieures-parafe

https://www.cnil.fr/fr/reglement-europeen-protection-donnees/chapitre1#Article4.

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=CELEX:32017R0458

https://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/comment-les-grands-aeroports-sont-devenus-des-poules-aux-oeufs-dor-135936

https://www.cnil.fr/fr/reconnaissance-faciale-dans-les-aeroports-quels-enjeux-et-quels-grands-principes-respecter

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