You are currently viewing Les femmes sont-elles la proie facile des cyberviolences ?

« Les femmes sont 20% moins susceptibles que les hommes d’utiliser internet, mais 27 fois plus susceptibles d’être victimes de harcèlement ou de discours de haine en ligne, lorsqu’elles le font». Les mots de Csaba K., Président de l’Assemblée Générale des Nations Unies démontrent un nouveau type de criminalité sur internet où les femmes en sont la cible privilégiée.

En effet, la dimension numérique des violences faites aux femmes est certes spécifique mais ne doit pas être discriminée. Elle doit faire partie intrinsèque de la violence à l’égard des femmes sans faire de distinction entre les violences subies dans le monde réel et celles subies dans le cyberespace.

 

Qu’est ce que les cyberviolences ?

Les cyberviolences sont toutes sortes de violences pratiquées dans le cyberespace à l’encontre d’une ou plusieurs personnes.

Elles s’exercent à l’aide d’outils numériques et souvent sur des plateformes de communication telles que les réseaux sociaux.

Elles peuvent se traduire par du cyberharcèlement. Or, le cyberharcèlement ne représente pas toutes les formes de cyberviolences car les actes émis en ligne ne sont pas forcément répétés ou perpétrés dans le temps.

 

Les femmes sont-elles protégées contre les cyberviolences?

En droit commun, c’est la Convention d’Istanbul entrée en vigueur le 11 mai 2011 qui prévient et lutte contre « la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ». 

Son article 3 a) protège les femmes de tout acte de violence ayant ou susceptible d’avoir pour conséquence des « souffrances de nature physique, sexuelle, psychologique ou économique », et ce, « que ce soit dans la vie publique ou privée ». 

Or, selon le GREVIO (groupe d’experts sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique), les violences à l’égard des femmes commises sous la forme numérique ne sont pas assez prises en compte.

 

Quelles sont les formes de cyberviolence subies par les femmes ?

Une distinction doit s’opérer entre les termes génériques utilisés pour désigner les cyberviolences traditionnelles et ceux utilisés pour représenter les cyberviolences discriminant de manière disproportionnée les femmes. 

Le Doxxing se traduit par la divulgation de documents ou d’informations personnelles en ligne sans le consentement de la personne, violant alors son droit à la vie privée. Il peut s’agir de l’adresse de la personne, de son véritable nom ou encore de son numéro de téléphone.

Selon Amnesty International, parmi les femmes sondées ayant fait l’objet de harcèlement ou d’injures en ligne, 17% ont subi une divulgation de leurs informations personnelles.

Le revenge porn se définit par la publication d’images à caractère sexuel sans le consentement de la victime qui a cependant consenti à la captation et non la diffusion. Le but est alors de l’humilier par vengeance en dévoilant son intimité sans qu’elle consente à la publication des images.

Selon le rapport de l’Assemblée nationale de 2021, près de 70% des victimes de ce type de violence sont des femmes et ce sont les 18-24 ans qui sont les plus visées. Il s’agit alors ici d’une violation du droit à l’image découlant du droit à la vie privée.

Le slut shaming consiste à critiquer, stigmatiser le comportement ou le physique d’une femme jugé trop suggestif. Selon Daniels et Zurbriggen, le slut shaming permet aux hommes de rappeler aux femmes comment « faire et ne pas faire » avec leur féminité par des commentaires dégradants et humiliants laissés notamment sur les réseaux sociaux.

 

Quelles sont les causes de ces cyberviolences ?

Tout d’abord, le pseudonymat peut donner à l’auteur le sentiment d’être protégé par son pseudonyme dans le cyber espace.Alors, les cyberviolences sont plus nombreuses lorsque ces dernières sont commises avec un sentiment d’impunité. De plus, les algorithmes de recommandation des réseaux sociaux peuvent favoriser les propos haineux en ligne en les proposant aux utilisateurs.

D’après une étude de UCL,Tik Tok recommande quatre fois plus de vidéos misogynes que les autres plateformes. En effet, ces dernières privilégient les contenus apportant un volume accru d’interactions ou encore de réactions émotionnelles souvent traduites par un grand nombre de commentaires et de partages.

Cela a pour conséquence une plus grande visibilité et donc une plus grande prolifération de messages malveillants à l’égard des victimes.

 

La responsabilité des plateformes à l’égard des cyberviolences :

Les plateformes ont un devoir de transparence à l’égard de leurs utilisateurs permettant un mécanisme facile et clair de signalement de discours haineux.

Lorsque les signalements sont effectués, les plateformes sont présumées avoir connaissance de ces derniers et ont une obligation de modération ou de suppression des contenus illicites.

Cette injonction doit aussi être couplée d’un devoir de recherche de l’identité de l’auteur.

Enfin, l’ajout d’un développement d’algorithmes plus bienveillants permettrait alors la limitation des discours de haine, et plus précisément, ceux envers les femmes.

 

BENYAHIA Nadia, Master 2 Cyberjustice-Promo 2024/2025.

Sources :

https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/cyberviolences-faites-aux-femmes-il-ne-faut-pas-rester-seule-lorsque-l-on-est-victime-de-haine-en-ligne

https://unric.org/fr/les-femmes-sont-les-premieres-victimes-du-harcelement-en-ligne/

https://www.centre-hubertine-auclert.fr/actualites/decryptage-de-lobservatoire-ndeg2-les-cyberviolences-sexistes-et-sexuelles-et-la

https://arretonslesviolences.gouv.fr/sites/default/files/2024-03/Lettre-Observatoire-national-des-   violences-faites-aux-femmes-Miprof-Mars-2024.pdf

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.