You are currently viewing Le projet Worldcoin : la cible de nombreuses controverses

Dans un monde d’innovation toujours plus vaste, le fondateur d’Open AI, Sam Altman, a développé un nouveau projet dans l’univers des cryptomonnaies : le projet Worldcoin. Il reflète une réelle initiative technologique et financière mais, depuis sa sortie en juillet 2023, il fait également l’objet de plusieurs inquiétudes. Le projet repose en effet sur plusieurs technologies comme l’intelligence artificielle (IA), la reconnaissance biométrique ou encore la blockchain ; toutes soumises à un cadre juridique spécifique. Or, ce projet est remis en question par les juridictions de nombreux pays en raison de son prétendu manque de conformité.

Qu’est ce que le projet Worldcoin en détail ?

Pour contextualiser son projet, l’entité Worldcoin a mis en lumière une avancée technologique de l’IA, rendant complexe la différenciation entre un humain et un robot en ligne. Pour pallier ce problème, elle crée alors un système d’identité numérique futuriste. Celui-ci peut être défini comme une sorte de passeport numérique permettant à ses utilisateurs de prouver leur identité en ligne sans transmettre de données personnelles. Le but est de construire un système de transfert d’argent accessible à tous, avec une crypto monnaie universelle. Pour ce faire, la seule condition nécessaire est d’être un humain. Afin de vérifier l’identité des utilisateurs, l’idée est de scanner leurs données biométriques et plus précisément leur iris. En échange de ce scan, l’utilisateur de la plateforme reçoit alors son passeport numérique sur l’application World App, qui sera stockée dans une base de données présumée indépendante par ses fondateurs.

Comment ce projet est-il mis en œuvre ? 

Concrètement, le système fonctionne autour de trois éléments principaux

  • Le World ID : un système d’identité numérique qui s’active avec l’utilisation de la reconnaissance biométrique
  • Le token Worldcoin : un jeton de transaction, distribué gratuitement à chaque utilisateur ayant vérifié son identité par le scan de son iris.
  • La World App : l’application qui permet de réaliser des paiements et des transferts de Worldcoin ou d’autres cryptomonnaies.

Afin de satisfaire ce processus d’authentification, un outil biométrique appelé « The Orb » a été créé pour procéder au scan des iris des utilisateurs et générer une identité numérique unique. Ces scanners ont été envoyés en milliers d’exemplaires aux quatre coins du monde pour permettre une plus forte accessibilité à ce procédé d’authentification. Ce système promet une distribution des jetons « Token Worldcoin » équitable et une sécurité renforcée contre les fraudes.

Les critiques concernant la confidentialité des données 

Cette fonctionnalité innovante sur le marché a tout de même soulevé beaucoup de polémiques, notamment concernant la collecte et la confidentialité des données sensibles traitées en masse. Plusieurs militants pour la protection de la vie privée, des experts en cybersécurité, ainsi que des adeptes de cryptomonnaies ont réagi lors du lancement de ce projet, notamment en raison de la pratique du scan de l’iris. Dans un premier temps, la plateforme a affirmé ne pas stocker de données personnelles, expliquant que les données collectées étaient directement supprimées ou chiffrées. Cependant, l’usage d’appareils collectant des données biométriques, caractérisées comme des données sensibles par l’article 9 du RGPD, a suscité des interrogations auprès des organes de contrôle.

Une investigation impulsée par la CNIL française 

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) s’est rapidement penchée sur l’étude de ce projet. Elle a notamment eu des préoccupations concernant la base légale d’une collecte de données biométriques et les garanties liées à un stockage sécurisé. Worldcoin étant juridiquement basé en Allemagne, la CNIL a donc ouvert cette enquête avec son homologue allemand. Elle concerne notamment la légalité de la collecte qui semble douteuse ainsi que les conditions de stockage des données biométriques. De plus, le respect des obligations recensées dans le RGPD, comme l’obtention d’un consentement éclairé pour la collecte des données, reste primordial. Pour veiller à cela, les autorités européennes contrôlent alors tout le processus de collecte et de stockage des données.

Le projet de cryptomonnaie banni au Kenya 

L’exemple du Kenya montre bien les nombreuses failles de réglementation qui se trouvent dans le déploiement de ce système de vérification d’identité numérique. Quelques jours après la sortie du projet, les juridictions du Kenya ont suspendu les opérations en lien avec ce nouveau crypto-actif. Elles ont également lancé des enquêtes sur le sujet et se sont basées sur l’argument d’un réel manque de clarté en matière de stockage et de sécurité des données sensibles.

Une récente condamnation 

Dernier rebondissement en date concernant ce projet : la condamnation de la fondation Worldcoin par le comité de protection des informations personnelles de la Corée du Sud. Elle a été enjointe de payer une amende de 750 000 euros environ en raison de la violation de leur loi nationale sur la protection des données.

Avec le développement de projets toujours plus technologiquement avancés, des tensions apparaissent entre l’envie d’innover et le besoin de respecter les droits fondamentaux. Bien que les innovations technologiques soient des aides précieuses pour les progrès de notre société, elles ne doivent cependant pas se développer au détriment des droits des individus.

Sources :

 

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