You are currently viewing Le cyberharcèlement des créateurs de contenus, un fait banalisé

Dans l’univers numérique actuel, le cyberharcèlement des créateurs de contenus est une réalité de plus en plus commune. C’est surtout une réalité de plus en plus banalisée. Ils reçoivent beaucoup de haine, et ceci de manière complètement démesurée et détachée de toute réalité concevable.

 

Le cyberharcèlement en quelques mots 

Le cyberharcèlement est une circonstance aggravante du délit de harcèlement moral prévu à l’article 222-33-2-2 du Code pénal. Ce dernier est puni deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende. 

Le cyberharcèlement est le fait de harceler quelqu’un par des propos ou/et comportements illicites en utilisant des outils et plateformes numériques. L’objectif est d’humilier, blesser, intimider le créateur de contenus par le biais d’insultes, menaces, propos diffamatoires, propos discriminatoires ou encore chantage. 

Créateur de contenus et influenceur, est-ce la même chose ? 

Souvent utilisés à tort comme synonymes, ce sont pourtant des termes désignant deux choses différentes. 

Un créateur de contenus est une personne créant et publiant divers contenus ( photos, vidéos, articles… ) sur les réseaux sociaux. Ces derniers sont souvent motivés par le partage d’une passion. 

Un influenceur est une personne active sur les réseaux sociaux ( en créant notamment du contenu ) ayant une forte influence sur ceux-ci. Il est considéré comme un relais des opinions qui auront une influence sur ses abonnés et leurs habitudes de consommation. 

Certes, les deux métiers sont des notions pouvant se rejoindre sur certains plans mais ils ont néanmoins des nuances différentes. Tous les influenceurs sont des créateurs de contenus, mais tous les créateurs de contenus ne sont pas nécessairement des influenceurs. En effet, certains créateurs peuvent privilégier la création et le partage de contenus sans chercher à influencer leurs audiences. 


Comment expliquer ce cyberharcèlement ? 

Diverses raisons pourraient être listées, en voici deux principales. 

Il y a tout d’abord un grand sentiment d’impunité sur les réseaux sociaux. Les utilisateurs se sentent protégés par un anonymat fictif. Ils pensent être anonymes sur les réseaux sociaux, et peuvent donc agir en toute tranquillité. Il est important de rappeler, que c’est le pseudonymat qui est présent sur les réseaux, pas l’anonymat. Ce sentiment d’impunité peut aussi s’expliquer par la distance sociale présente sur les réseaux. Ainsi, les internautes ne voient pas les conséquences directes de leurs actions sur les créateurs de contenus. 

Une autre défaillance juridique pouvant expliquer le cyberharcèlement est la tension existante entre liberté d’expression et cyberharcèlement. Faut-il réduire le cyberharcèlement au détriment de la liberté d’expression ? A contrario, faut-il protéger la liberté d’expression au détriment d’un renforcement du cyberharcèlement ? Il est important de rappeler que la liberté d’expression est une liberté relative. Elle est certes fondamentale, mais il n’est pas possible de tout dire sur les réseaux sociaux au nom de cette liberté. 

 

Les différentes conséquences du cyberharcèlement :

Le cyberharcèlement peut avoir des conséquences réellement néfastes sur les créateurs de contenus : des troubles psychologiques ( trouble de l’anxiété, trouble du comportement alimentaire, trouble du sommeil… ), des dépréssions ou encore un suicide.

Il peut engendrer aussi des pertes financières. En effet, créer du contenu est certes une passion, mais aussi un métier. Ainsi, les créateurs qui font une pause plus ou moins longue à cause du cyberharcèlement, peuvent subir un impact financier (perte de référencement, de partenariat…).

 

Une réalité malheureusement ancrée sur les réseaux sociaux 

Une grande majorité de créateurs de contenus est victime de cyberharcèlement, comme si l’un justifiait l’existence de l’autre. Pour réussir, il faut être cyberharcelé. Pour exister, il faut être cyberharcelé. Pourtant, cela ne devrait pas être une réflexion pensable. 

En faisant une analogie, le simple fait qu’un enfant aille à l’école, justifie-t-il qu’il y soit harcelé ? Le simple fait qu’un salarié aille travaillé, justifie-t-il qu’il y soit harcelé ? Très souvent, la réponse sera négative. Alors pourquoi ce raccourci est-il fait pour les créateurs de contenus ? C’est pourquoi il est important de parler, sensibiliser et prévenir sur ce fléau numérique pour le limiter voire le supprimer. 

 

GRACIA Julie

M2 Cyberjustice – Promotion 2022/2023

 

Sources : 

  • Réseaux (a)sociaux, Michael STORA avec la collaboration d’Alix LEFIEF-DELCOURT, Larousse, 2020
  • Les réseaux sociaux sont-ils dangereux ?, Antoine BAYET, first, collection pour les nuls ça fait débat, 2021
  • Les 7 péchés capitaux des réseaux sociaux, Bénédicte FLYE SAINTE MARIE, Michalon, 2020

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