L’intelligence artificielle (IA) est présentée comme étant le plus grand défi de l’humanité. Nombreux sont ceux à vouloir « libérer les personnes handicapées par l’intelligence artificielle »
Ainsi, exploitée de manière appropriée et responsable, l’IA peut contribuer à la réalisation de l’objectif général de l’égalité inclusive, inscrit dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.
Le rapport sur les droits des personnes handicapées
Gérard Quinn, rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des personnes handicapées, présente son rapport au Conseil des droits de l’Homme et donne un aperçu sur son étude portant sur « l’intelligence artificielle et les droits des personnes handicapées ».
Actuellement, on observe à l’échelle mondiale une augmentation rapide et sans précédent de l’utilisation par les États des technologies et de l’intelligence artificielle (IA), ainsi que de la prise de décision automatisée et de l’apprentissage automatique.
Ces nouvelles technologies peuvent présenter de grands atouts pour les personnes handicapées, et donc faire avancer la recherche d’une égalité inclusive dans des domaines divers tels que l’emploi, l’accès aux biens et services commerciaux, l’éducation ou encore l’autonomie de vie. Parallèlement, des risques sont aussi à considérer car l’usage des nouvelles technologies peut faire passer le handicap comme déviant et indésirable, mettant en péril la jouissance des droits de l’Homme. Ainsi, l’IA ne pourra avoir d’avantages concrets qu’une fois que les risques qui l’accompagnent auront été écartés.
Quelques exemples de l’usage de l’IA dans la vie quotidienne d’une personne en situation de handicap
Les systèmes d’IA sont de réels atouts, notamment dans le domaine des technologies d’assistance :
- Ils permettent par exemple aux personnes handicapées de déterminer les itinéraires qui leur sont accessibles. En effet, grâce aux nouvelles technologies les outils de navigation permettent aux personnes malvoyantes ou aveugles de mieux exercer leur droit à la mobilité.
C’est l’exemple du projet « AI for Inclusive urban sidewalks » qui permet aux personnes concernées par ce handicap de disposer d’informations détaillées et précises dans le but d’identifier et choisir des trajets sûrs, accessibles et adaptés à leurs besoins. En effet, aujourd’hui, nombreuses sont les villes et trottoirs ne répondant pas aux besoins des piétons handicapés.
Un autre projet a également été créé, une AccessMap par l’IA permettant de décrire l’accessibilité des quartiers de la ville.
- D’autres applications font intervenir des logiciels de suivi oculaire et de reconnaissance faciale permettant aux personnes d’accéder à l’information, à l’éducation et de communiquer et transmettre des informations ;
- Des plateformes d’apprentissage adaptatif ont été créées afin de répondre aux besoins particuliers des étudiants handicapés, ambition pour tous de se concentrer sur les technologies de l’éducation ;
- Des logiciels de conversation de la parole en texte servent à pallier le manque d’interprètes en langue des signes et permettent donc une interaction plus facile. Peuvent aujourd’hui s’y ajouter des avatars capables de traduire la parole en langue des signes à l’intention des personnes sourdes ou malentendantes.
Les systèmes d’IA peuvent aussi aider considérablement à améliorer la situation des personnes handicapées en permettant de diagnostiquer les maladies et de déterminer les traitements à prescrire.
- L’Association des Paralysés de France, « APF France Handicap » s’est chargée de créer le lancement d’un robot pour les enfants en situation de handicap. De son nom « Leka », ce robot permet de stimuler les interactions sociales, favoriser le développement et l’apprentissage des enfants en situation de handicap. Cet outil de médiation est une belle innovation technologique axée sur une accessibilité universelle dans de nombreux domaines pour les enfants.
Dans l’actualité
Un paraplégique au nom de Sebastian Tobler parvient à remarcher en contrôlant le mouvement de ses jambes par la pensée grâce à la neurotechnologie.
Ici, l’idée est de venir capter l’activité électrique cérébrale à la surface du cortex moteur, zone du cerveau permettant chez l’Homme de contrôler volontairement les différentes parties du corps. Si cette zone est endommagée, une personne paralysée sera incapable d’initier le moindre mouvement.
Ainsi, des ordinateurs vont décoder cette activité électrique cérébrale et ce, en temps réel, afin de générer des prédictions de mouvement.
Ces mouvements sont ensuite convertis en séquences de stimulation permettant donc de générer une stimulation au niveau de la moelle épinière dans le but de réactiver les muscles et les jambes de ce patient paraplégique.
Cette technique est pour le moment utilisée afin d’améliorer la marche d’une personne, mais les chercheurs sont en proie d’utiliser un système identique pour restaurer la fonction des bras et mains.
Limites dans l’usage de l’IA
Les systèmes d’IA peuvent créer des divisions sociales au lieu de contribuer à l’accessibilité et à l’instauration d’environnements inclusifs.
Cela peut être le cas par exemple d’une prise de décision automatisée basée sur l’IA. Un algorithme peut influencer le prix d’une police d’assurance et donc discriminer les personnes handicapées en les faisant payer des primes plus élevées ou en leur refusant une couverture.
Ces risques de discrimination touchent d’autres domaines similaires tels que la sélection automatisée pour le recrutement, la formation et l’éducation.
Manon PERBAL
M2 Cyberjustice – Promotion 2022-2023
Sources :
https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G21/397/01/PDF/G2139701.pdf?OpenElement
https://www.microsoft.com/en-us/ai/ai-for-accessibility-projects#primaryR6
https://smartcities4all.org/ai-for-inclusive-sidewalks/
