Dans un communiqué de presse du 10 décembre 2020, le Conseil de l’Union européenne a annoncé que Le nouveau Centre européen de compétences en matière de cybersécurité sera situé à Bucarest, en Roumanie.
La décision a été rendue le 9 décembre 2020 et malgré la présence d’autres propositions provenant des pays comme la Belgique, le Luxembourg, la Lituanie, l’Allemagne, l’Espagne ou la Pologne, la Roumanie a réussi à obtenir le plus grand nombre de suffrages lors du second tour de scrutin.
La proposition de création d’un Centre européen de compétences industrielles, technologiques et de recherche en matière de cybersécurité est apparue dans un contexte de transformation des technologies numériques comme une réponse au nombre croissant de cybermenaces et attaques ayant lieu sur le territoire européen. Cette initiative se trouve dans la prolongation des objectifs fixés par le programme pour une Europe numérique, proposé par la Commission européenne en 2018, mais aussi par le programme Horizon-Europe qui vise le renforcement de la recherche et de l’innovation, se concentrant sur trois domaines clés : l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux.
Créé dans le but de contribuer au déploiement des nouvelles technologies et de combler le déficit de compétences en matière de cybersécurité, le nouveau centre européen siégeant à Bucarest va apporter « un soutien aux États membres et aux autres acteurs concernés en fournissant des conseils, en partageant les compétences et en facilitant la collaboration en ce qui concerne les projets et les actions », comme l’indique la proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil du 12 septembre 2018. Parmi les critères qui ont été pris en compte lors de l’évaluation des candidatures, on peut énumérer : la date à laquelle le centre peut devenir opérationnel, l’accessibilité du site d’implantation proposé, la connectivité, la sécurité et l’interopérabilité avec les installations informatiques pour une gestion efficace du budget européen prévu à cet effet.
Dans son acte officiel de candidature, la Roumanie a présenté de manière détaillée les arguments lui permettant de devenir le siège représentatif de la coopération européenne en matière de cybersécurité.
L’un des premiers arguments de la Roumanie s’est concentré sur l’existence d’un écosystème en matière de cybersécurité et de services informatiques. À cet effet, la capitale roumaine accueille déjà une structure indépendante pour la recherche, le développement et l’expertise en matière de cybersécurité, composée d’experts en cybercriminalité qui coopèrent avec le secteur public et privé afin de prévenir, analyser, identifier et répondre aux éventuels cyber-incidents. Cet organisme va pouvoir travailler en étroite collaboration avec le nouveau centre européen, pour assurer un niveau de protection adéquat à l’égard des personnes et des actifs informatiques matériels et immatériels des États membres. En outre, la Roumanie a déjà prouvé son attachement aux normes de cybersécurité au niveau international : à la suite d’une offre du Gouvernement roumain, le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe a décidé la création en 2013 d’un Bureau du Conseil de l’Europe sur la cybercriminalité (C-PROC), siégeant à Bucarest. Sa mission essentielle vise le renforcement de la capacité des systèmes juridiques dans le but de répondre aux défis posés par la cybercriminalité et aux preuves sous format électronique, veillant au respect des normes prévues par la Convention de Budapest.
Un autre argument soutenant sa candidature est lié au nombre significatif de jeunes diplômés spécialisés les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), faisant de la Roumanie le 6ème pays européen le plus formateur d’experts en informatique et systèmes d’information. De plus, la Roumanie occupe la 3ème place parmi les États membres avec le plus grand nombre de femmes spécialistes dans les TIC, prouvant ainsi un environnement de travail plus inclusif, une culture professionnelle soutenant l’égalité des genres.
Un atout supplémentaire faisant de cet État membre de l’Union un candidat idéal dans la procédure de sélection est sa compétitivité quant au marché des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Dans cette perspective, de nombreuses compagnies multinationales ont choisi de siéger sur le territoire roumain grâce aux atouts liés au multilinguisme, au développement du secteur informatique, à la rentabilité des investissements effectués dans ce pays. Par ailleurs, la Roumanie est dotée d’une excellente connectivité et sécurité des systèmes informatiques, occupant la 3ème place mondiale en termes de débit Internet : une vitesse de 175 Mbps contre 84 Mbps, le débit moyen mondial.
Enfin, le dernier argument décisif dans le choix du siège du nouveau centre européen en matière de cybersécurité a été le respect du principe d’une répartition géographique équitable des agences européennes entre les États membres de l’Union. N’ayant eu jusqu’à présent l’opportunité d’accueillir sur son territoire aucune agence européenne, la Roumanie fera de la ville de Bucarest la nouvelle capitale européenne de la cybersécurité en 2021.
Georgiana Hriscu
Master 2 Cyberjustice, Promotion 2020/2021
Sources:
https://cert.ro/vezi/document/RFC2350-CERT-RO
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cybersécurité
https://www.consilium.europa.eu/media/46693/romania-candidacy-file-for-eccc-public-1.pdf
https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/europe-fit-digital-age_fr
https://www.consilium.europa.eu/en/policies/seat-selection-cybersecurity-centre/
https://www.coe.int/en/web/cybercrime/cybercrime-office-c-proc-
https://ec.europa.eu/transparency/regdoc/rep/1/2018/FR/COM-2018-630-F1-FR-MAIN-PART-1.PD