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Les semi-conducteurs, bien au-delà de leur statut de simples composants électroniques, incarnent les fondements invisibles de notre ère numérique. Pour l’Europe, ces joyaux technologiques revêtent une importance capitale, non seulement en tant que moteurs de l’innovation, mais également en tant que remparts essentiels contre les fluctuations des marchés mondiaux.

Les semi-conducteurs : des technologies omniprésentes dans notre quotidien

There is no digital without chips”, (Il n’y a pas de numérique sans puce), les mots d’Ursula Van der Leyen, présidente de la Commission européenne à la conférence de Davos en 2022, soulignent l’urgence de la situation.

Les semi-conducteurs, composants essentiels dans une variété de secteurs allant de l’électronique grand public à la défense, sont fabriqués à partir de matériaux tels que le silicium et sont omniprésents dans notre vie.

Cependant, leur production est tributaire de ressources rares, tel le gallium ou encore le germanium provenant principalement de Chine, impactant ainsi les coûts et la disponibilité des composants électroniques. De fait, une gestion efficace de ces ressources est cruciale pour répondre à la demande croissante de la technologie moderne et maintenir la fluidité du monde numérique.

Renforcement de l’écosystème européen des semi-conducteurs

La récente pénurie, lors des confinements liés à la pandémie de la Covid, a révélé l’ampleur de la dépendance de l’Union européenne à l’égard de ses fournisseurs étrangers.

En réponse à cela, l’Union a adopté le Règlement européen sur les semi-conducteurs, également connu sous le nom de European Chips Act, entré en vigueur le 21 septembre 2023, marquant ainsi un tournant vers l’indépendance technologique.

Ce règlement a pour ambition de renforcer la souveraineté technologique de l’Europe, stimuler sa compétitivité et améliorer sa résilience face aux perturbations, soutenant ainsi les transitions numérique et écologique. Cruciale pour garantir un approvisionnement stable en puces, essentielles à divers secteurs comme l’automobile et la défense, cette législation dynamise l’écosystème européen des semi-conducteurs. De plus, cette dernière met en place des initiatives telles que « Les puces pour l’Europe » et le Comité européen des semi-conducteurs. Ainsi, elle vise à renforcer la recherche, l’innovation et la production, tout en comblant les lacunes de compétences et en améliorant la compréhension des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Parallèlement, l’UE soutient d’autres initiatives dans ce domaine, comme l’Alliance pour les processeurs et les technologies des semi-conducteurs, lancée en 2021, qui vise à répondre à la demande croissante de processeurs économes en énergie, essentiels à la numérisation de l’Europe.

Disparités de financement : L’Europe face aux États-Unis

L’Union européenne témoigne d’un engagement fort en mobilisant 43 milliards d’euros, provenant d’investissements publics et privés, dans le dessein clair de renforcer et d’épanouir l’industrie des semi-conducteurs en Europe d’ici 2030. Son objectif ambitieux est de doubler la part de marché européenne dans ce secteur, qui est actuellement de 10 %.

En comparaison, le CHIPS and Science Act, adopté le 9 août 2022 aux États-Unis, prévoit une enveloppe colossale de 280 milliards de dollars sur la décennie à venir, dédiée à la recherche, au développement scientifique, à la commercialisation et à la fabrication dans le domaine des semi-conducteurs.

OpenAI à la conquête des semi-conducteurs pour l’IA

En février 2024, Sam Altman, dirigeant d’OpenAI, lance une ambitieuse quête de financement, visant à collecter jusqu’à 7 000 milliards de dollars pour le développement de semi-conducteurs, cruciaux pour l’intelligence artificielle.

Cette initiative soulève d’intenses débats sur l’utilisation et l’impact de ces fonds, mettant en lumière les défis de la gouvernance mondiale en matière de technologie, notamment en ce qui concerne la protection des données, la sécurité et la concurrence équitable.

L’intérêt exprimé par des gouvernements comme celui des Émirats arabes unis soulève des questions sur les relations entre les États et les entreprises technologiques privées, ainsi que sur les implications géopolitiques de telles initiatives.

Malgré les inquiétudes quant à la vulnérabilité potentielle d’OpenAI aux pressions extérieures, le projet pourrait bénéficier du soutien de l’administration américaine pour renforcer l’industrie des semi-conducteurs à travers le Chips and Sciences Act, même si cela met en lumière des interrogations sur la régulation et la supervision des avancées technologiques.

L’Europe en quête d’indépendance technologique face aux tensions globales

Dans un contexte où les semi-conducteurs deviennent des pions géostratégiques, l’Europe s’engage à réduire sa dépendance mondiale en renforçant son industrie locale via des mesures comme le Règlement européen sur les semi-conducteurs. Parallèlement, en 2024, les débats animés entre les États-Unis et la Chine, au Forum économique de Davos, reflètent les tensions croissantes dans le domaine technologique où les impératifs de sécurité nationale se heurtent aux intérêts commerciaux.

Les discussions sur l’intelligence artificielle soulèvent des questions cruciales de gouvernance éthique, tandis que des acteurs privés comme OpenAI continuent d’injecter d’importants capitaux dans leur développement.

Malgré les défis, ces efforts représentent une avancée significative vers une souveraineté technologique renforcée et une compétitivité accrue sur la scène mondiale, éclairant ainsi le chemin vers un avenir où la coopération et la régulation joueront un rôle central dans la promotion d’une innovation responsable et d’une sécurité partagée. 

 

Emma Wack Wendling

Master 2 Cyberjustice – Promotion 2023/2024

  

Sources : 

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