You are currently viewing L’IA vu par les industriels de la défense nationale terrestre – Partie 1

Depuis plusieurs années, l’intelligence artificielle (IA) se développe dans de nombreux domaines. Le monde de la défense nationale terrestre n’y a pas échappé. Aujourd’hui, de nombreux questionnements se font dans le monde de l’industrie de la défense nationale terrestre afin de comprendre comment l’IA peut être, au mieux, intégrée dans de futurs véhicules terrestres. Sur ce point, les retours d’un entretien avec un ergonome travaillant dans ce secteur sont particulièrement intéressants. 

Cet article est en deux parties. La première partie définit l’IA, les préoccupations que les industriels peuvent avoir face à la place de l’utilisateur et les problématiques liées au manque de données pour l’IA au service de la défense. La seconde partie traitera des apports de l’IA à l’armée française, mais aussi des craintes du développement de l’IA. 

Qu’est-ce qu’une IA ? 

Le terme « intelligence artificielle » a été créé par John McCarthy en 1955. Il l’a défini comme « la science et l’ingénierie de la fabrication de machines intelligentes […]. Elle est liée à la tâche similaire qui consiste à utiliser des ordinateurs pour comprendre l’intelligence humaine, mais l’IA ne doit pas se limiter aux méthodes qui sont biologiquement observables ». Concrètement, l’IA est un système qui vise à imiter l’intelligence humaine afin de réaliser des tâches plus ou moins complexes. Ces tâches sont souvent répétitives, l’IA permet donc d’aider l’humain en améliorant l’efficacité, la rapidité et la précision de la tâche effectuée. 

Il existe différentes catégories d’IA, celle connue et celle imaginée, voire fantasmée. Tout d’abord, il s’agit de l’IA étroite. C’est celle que nous connaissons aujourd’hui. Cette IA est créée afin de réaliser des actions uniques. Bien que très développé, ce système n’est programmé que pour effectuer une catégorie d’actions précises et ne peut pas réagir en cas de situations inconnues. C’est la seule IA développée à présent. Elle se base principalement sur de l’apprentissage automatique. 

Dans cette catégorie d’IA, il en existe plusieurs sortes telles que l’IA réactive ou à mémoire limitée. Une des plus utilisées est l’IA générative. Celle-ci se concentre sur l’utilisation de contenus existants pour en générer de nouveaux. Elle s’appuie sur des modèles d’apprentissage automatique, c’est-à-dire sur des formules mathématiques et statistiques afin de donner la capacité aux machines d’apprendre grâce à des données. Cette approche permet à l’IA de créer de manière autonome, notamment, du texte, une image, une vidéo, une musique en se basant sur des données stockées. 

Ensuite, il existe un concept nommé l’IA générale qui permettrait d’imiter totalement l’intelligence et la pensée humaine. Ce concept rendrait capable une IA de réagir en s’adaptant à la situation précise. 

Enfin, un second concept est rencontré, celui de la super intelligence artificielle. De l’ordre du fantastique pour l’instant, il s’agit d’une IA qui serait bien supérieure à l’Homme, par ses connaissances et ses compétences. 

Actuellement, les industriels de la défense nationale se questionnent surtout sur comment utiliser l’IA générative. 

Les problématiques liées à l’utilisateur 

Plus l’IA a fait parler d’elle, plus la question de l’intégrer dans le monde de la défense terrestre s’est posée. 

Aujourd’hui, des points sont soulevés par les industriels concernant l’utilisateur, à savoir, le militaire dans le véhicule : 

  • Comment conserver l’Homme dans la boucle de prise de décision face à l’émergence de l’IA ?
  • Quels sont les niveaux d’explicabilité de l’IA qui doivent être mis en place pour que l’Homme continue de comprendre ce qu’il se passe ? 
  • Le rôle de l’Homme va obligatoirement changer, mais quel sera son rôle ?
  • Quelle répartition y aura-t-il entre la machine et l’Homme ? Faut-il créer des IA autonomes qui prendront en charge l’ensemble des fonctions ou des IA qui serviront d’aide mais qui ne prendront pas la décision ? 
  • Quels seront les gains opérationnels de l’IA ? Y en aura-t-il ? 

Une chose est certaine pour les industriels de la défense terrestre : les activités opérateurs ne seront pas les mêmes. Il s’agira essentiellement de tâches de supervision, ainsi, ce seront de nouvelles charges de travail. Il est donc nécessaire de bien définir les interactions et interfaces entre l’utilisateur et l’IA. 

Les problématiques liées au manque de données 

A partir du moment où une IA est entraînée, elle doit avoir une base de données connue. Pour le monde de l’armée, cette base n’est pas facile d’accès par les industriels puisqu’elle est peu remplie, maîtrisée par l’Etat et n’est pas mise à disposition.

Une illustration serait plus pertinente. Les industriels de la défense essaient de travailler sur l’autonomisation de certains véhicules terrestres de l’armée. Le véhicule autonome existe déjà, ainsi, dans l’idée, cela serait simple de le développer aussi dans le monde de la défense. Or, bien qu’il existe des données pour les routes classiques, celles liées au tout terrain n’existent pas encore. Il est donc impossible pour l’instant d’entraîner une IA pour rendre des véhicules de la défense terrestre autonomes. 

En effet, depuis une quinzaine d’années, des IA sont entraînées pour reconnaître un feu, un passage piéton, un cycliste, un bus, une moto via les photos de vérifications sur Internet. La voiture autonome a donc pu être créée pour les civils. Toutefois, il est impossible de produire des véhicules militaires puisque qu’aucune base de données existe et qu’il est inconcevable d’entraîner une IA à l’aide d’exercices demandés aux civils sur Internet pour du tout terrain. 

D’ici quelques années, l’IA sera plus développée dans le monde de l’armée terrestre française. Il est certain que ce travail actuel de comprendre comment l’intégrer et comment, au mieux, l’utiliser, est indispensable. Ainsi, des recherches sur les apports que l’IA aurait mais également la mise en évidence des craintes face au développement de l’IA dans ce domaine est nécessaire. La seconde partie de l’article, publiée le 17 décembre 2023, détaillera ces deux différents points. 

 

Olivia MARTIN

M2 Cyberjustice – Promotion 2023-2024 

 

Sources : 

https://www.coe.int/fr/web/artificial-intelligence/what-is-ai 

https://www.talend.com/fr/resources/what-is-artificial-intelligence/ 

https://www.talend.com/fr/resources/generative-ai/ 

 

A propos de Olivia MARTIN

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.