En trainant sur les réseaux sociaux, j’ai découvert par hasard un article de France 24 sur le lancement du paiement par reconnaissance faciale en Chine. Aussitôt rentré je me retrouve à table avec un ami, je lui rapporte les détails de l’article, la nouvelle technologie l’interpelle, je cherche une vidéo que je trouve sur YouTube sur le sujet, nous la regardons ensemble. Fin de la vidéo, mon ami me dit sur le ton de la rigolade « Si on m’avait dit il y a 5 ans que mon visage allait devenir ma carte bancaire, je ne me serais pas fait le plaisir de prendre la gold ».
Cette reconnaissance faciale est basée sur une technologie biométrique qui permet d’identifier un individu en fonction de caractéristiques qui lui sont propres (l’écart entre ses yeux, ses oreilles, ses lèvres). Cette technologie donne l’impression de sortir tout droit d’un film de science-fiction, surtout quand elle est utilisée pour surveiller une population entière. De même pour nos empreintes digitales, qui sont enregistrées dès lors que nous voyageons, par exemple avec l’utilisation d’un passeport biométrique (bien que la probabilité d’avoir une empreinte digitale similaire à quelqu’un d’autre est tout de même de 1 sur 10 puissances 14). On peut également citer la reconnaissance de l’iris ou encore de la voix.
Tous ces éléments sont des éléments numériques, qui individuellement permettent de faciliter notre accès à certains services ou technologies. Aussi, ces éléments numériques sont réputés plus sécurisés que de simples mots de passe, d’où leur utilisation massive dans les sociétés modernes.
Toutefois, plus les années passent, plus les différents éléments de notre corps se voient numérisés. Alors, notre corps ne serait-il pas un élément numérique à part entière ? La première piste allant dans ce sens, est un projet mené en Octobre 2019 pour la mise en place d’une identité numérique. Ce projet prend forme peu à peu via « Alicem » (application pour smartphone développée par le ministère de l’Intérieur et l’Agence nationale) qui est en phase test depuis juin 2019 pour la plateforme « FranceConnect ». Ainsi, pour accéder aux services publics, nous n’aurons plus besoin d’un mot de passe suffisamment sécurisé à retenir ; il faudra simplement être en possession d’un smartphone équipé d’une technologie de reconnaissance faciale et d’un passeport ou titre de séjour valide afin de prouver l’authenticité de notre identité sur internet.
Dès lors, notre corps devient le mot de passe, aussi ce n’est pas seulement un élément numérique mais bien un élément entièrement numérisé. Pour appuyer cet argumentaire, il est possible de citer les biotechnologies qui sont en passe de faire du corps humain un objet connecté comme l’est déjà un ordinateur, une tablette, ou un smartphone. Cette recherche toujours plus poussée pourrait changer le corps humain en devise.
Cependant, cette numérisation de l’identité de l’homme qui ne cesse d’évoluer avec le développement des nouvelles technologies émergentes, doit être surveillée de très près. Les risques de détournement, d’exploitation de notre propre identité présente sur internet, par des personnes malveillantes à des nouvelles fins frauduleuses seront probablement nombreux…
Toutes ces technologies faisant appel au corps humain ou utilisant ses caractéristiques sont nombre d’arguments qui peuvent démontrer que le corps humain est un élément numérique à part entière. Le professeur Yves CITTON (université Paris VIII), affirme que « le parallèle entre l’homme et l’ordinateur est plus qu’évident ».
ZERGUI Abdelmalik
Master 2 CyberJustice – Promotion 2020/2021
Sources :
https://www.police-scientifique.com/est-ce-que-vos-empreintes-digitales-sont-uniques/