Le Japon est régulièrement montré du doigt pour son approche de la pédopornographie. En 2018, il rencontrait un nombre record d’affaires de pédopornographie sur l’année suite à l’acquisition par la police d’une large liste d’acheteurs de ce type de contenu. Avant 2014, la détention de contenu à caractère pédopornographique n’était pas interdite. Ceux qui en possédaient ont d’ailleurs bénéficié d’un délai d’un an pour les remettre aux autorités à partir de cette loi pour se mettre en « conformité ».
La pédopornographie est un sujet qui fâche, sans grande surprise et particulièrement en occident. En 2019, le président Emmanuel Macron annonçait un renforcement des sanctions pour la consultation d’images à caractères pornographique. Quelques mois plus tard, en janvier 2020, l’assemblée nationale prenait ce même parti lors d’un vote réalisé à l’unanimité à l’égard de la consultation habituelle ou de l’achat de contenus pédopornographiques.
Dans la loi japonaise, la pédopornographie désigne « toute pose d’un enfant, entièrement ou partiellement nu, dont les parties sexuelles du corps sont exhibées ou soulignées pour exciter ou stimuler le désir sexuel du spectateur ». La possession de contenu pédopornographique est punie jusqu’à un an d’emprisonnement et de 8300 euros d’amende.
Néanmoins, dans un pays ou la sexualisation des jeunes est presque culturelle, plusieurs questions se posent. Si la détention de contenu faisant intervenir de véritables enfants est prohibé. Cette prohibition s’étend bien évidemment à toute la potentielle chaine de production. Mais il existe une très large tolérance pour les mises en scènes d’enfants fictifs. Que ce soit à partir de prise de vue réelles mettant en réalité en scène des adultes que l’on présente comme des enfants ou dans les représentations 100% fictives.
Le parlement japonais, au moment de se mettre à jour sur la possession de contenu pédopornographique a pris le parti de ne pas interdire les contenus dessinés ou animés mettant en scène des enfants dans des situations sexuellement explicites. Les très célèbres « mangas », des bandes dessinées très répandues, ne sont donc pas concernés par cette loi et de sa production à sa consommation, tout le processus est donc légal. Par extension, les animations japonaises peuvent aussi comprendre ce type de contenu. De plus, avec le développement très important de la réalité virtuelle, on assiste à l’émergence de jeux mettant en scène le joueur dans des scènes sexuellement explicites avec un enfant animé par la 3D.
Le parti pris du Japon sur la question ne fait pas l’unanimité au plan international. En droit français, l’article 227-23 du code pénal prévoit que « Le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende ». Le droit français sanctionne donc tant les prises de vues réelles que la représentation fictive.
Avec internet, l’accès aux mangas et à l’animation japonaise est largement facilité, voire banalisée. Les plateformes sont particulièrement nombreuses et l’accès à ces contenus facilité. Il existe une méconnaissance répandue de la loi à ce sujet. L’accès se faisant aisément, le caractère « interdit » est dilué et augmente les risques.
Pour autant, cette situation peut-elle réellement être améliorée ? Les mangas et les animations sont légion. Le contenu qui est illégal en France est parfois difficile à distinguer du reste, le tout sur des plateformes très nombreuses. Les mangas et animes sont régulièrement mis en ligne par des individus, traduits par d’autres, dans plusieurs pays différents où la législation ne s’oppose pas nécessairement à ce type de contenu.
Dans ces conditions, difficile d’imaginer un filtre qui fonctionnerait aussi bien que celui permettant l’arrivée d’un manga sur l’étagère d’un libraire.
Madison KEENER
M2 Cyerjustice Promotion 2019 2020
https://www.senat.fr/lc/lc90/lc900.html
https://www.alain-bensoussan.com/avocats/pedopornographie-virtuelle/2015/06/24/
https://time.com/2892728/japan-finally-bans-child-pornography/