Une autre pandémie que celle du Covid-19 se propage à l’échelle mondiale tel un fléau : les fake news. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a qualifié le phénomène d'”infodémie massive”.

Faut-il boire de l’urine pour combattre le virus ? Faut-il tout désinfecter ses légumes au javel ? Nombre de rumeurs nocives circulent, coûtant parfois la vie à certaines personnes.

Mais au cœur de la crise sanitaire du coronavirus, il n’est pas facile de voir clair dans la vague d’informations qui nous inonde tous les jours. Alors que la croyance des français dans ces fake news s’accroit, nous verrons aussi qui tire ces ficelles et comment nous pouvons faire pour lutter contre celles-ci.

  • Quels mensonges et quels menteurs ?

L’Observatoire du conspirationnisme, qui achève en ce moment une étude sur le phénomène, a dressé une carte impressionnante du phénomène des fake news en lien avec le Covid-19. Les premiers messages complotistes sont apparus dès le 20 janvier mais depuis que les Français sont confinés, on assiste à une explosion.

On peut séparer ces fausses informations en trois catégories : les fakes news médicales, les théories conspirationnistes et les « opportunismes idéologiques ».

Les premières sont « les plus dangereuses », précisément parce qu’elles paraissent anodines. En Iran, plus de 210 personnes sont mortes d’intoxication au méthanol après avoir lu que l’alcool pouvait protéger du virus. En France, les remèdes de grands-mères que beaucoup partagent de bonne foi, sont souvent diffusés par des marchands de produits naturels ou des militants anti-vaccins qui anticipent une future campagne de vaccination. Cependant ces fake news risquent d’éloigner les gens des seules mesures efficaces, à savoir le confinement et les gestes barrières. 

Une deuxième catégorie regroupe les théories conspirationnistes, répondant toutes au même schéma : une puissance quelconque a créé ce virus pour servir un intérêt particulier. Au début de la crise, les thèses militaires ont eu leur heure de gloire, entretenues même par des autorités gouvernementales, comme l’Iran qui accuse les États Unis d’être à l’initiative de ce virus.

L’angoisse ressentie par la population nourrit la troisième catégorie. A celles-ci s’ajoute des croyances herméneutiques, qui interprètent la tragédie comme un « châtiment divin » envoyé pour punir les hommes de leur immoralité ou de leur mode de vie. Cela dépasse le cadre du religieux, et amène à une forme particulière d’« opportunisme idéologique » et donc le châtiment d’un monde pas assez en avance dans sa transition écologique. 

Même si cette crise est un message que « la Nature nous envoie », pour paraphraser Nicolas Hulot, il ne faut pas oublier que nous avons connu des pandémies bien pires avant l’ère industrielle et que cette zoonose virale « ne serait sans doute pas survenue si les marchés d’animaux chinois appliquaient les mêmes règles sanitaires qu’en Europe. »

  • La croyance dans les fake news : un phénomène partagé

Pour 26% des Français, le coronavirus, a été créé en laboratoire. Une fausse information pourtant maintes fois démentie. Cette statistique est le résultat d’un sondage, réalisé par l’Institut Français d’Opinion Publique (IFOP), dévoilé par France Info. Dans le détail, 17% des sondés pensent que le SARS-CoV-2 a été développé intentionnellement et 9% estiment qu’il y a été fabriqué accidentellement, quand 17% ne se prononcent pas. Pour une majorité cependant (57%), le virus est apparu de manière naturelle.

Plus les personnes interrogées sont jeunes, plus elles ont tendance à donner du crédit à cette rumeur. Les 18-24 ans sont ainsi 28% à estimer que ce coronavirus a été développé intentionnellement dans un laboratoire, alors que les 65 ans et plus ne sont que 6%.

Ce phénomène confirme le fait que les jeunes connectés sont abreuvés de “fake news” et donc y sont plus sensibles. Mais cela traduit aussi une tendance à penser que “la vérité est ailleurs”, une tendance accentuée par la focalisation de notre société sur les réseaux sociaux. 

  • Comment lutter contre ce phénomène ?

WhatsApp vient d’annoncer un partenariat avec l’OMS, UNICEF et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). L’objectif est clair : combattre les fausses informations qui circulent sur la plateforme à propos du Covid-19. La pandémie entraine une recrudescence de ce phénomène. Nombreux sont ceux qui ont d’ailleurs pu recevoir, sur WhatsApp ou Messenger, des messages de « chercheurs » ou de « personnes en contact avec le gouvernement » propageant des faits erronés sur la maladie. 

Pour les utilisateurs, on peut cependant donner quelques conseils. Pour savoir si une information est vraie, vous devez :  

  • Vous demandez quelle est la source​. Ne vous informez pas que par le biais des médias alternatifs, favorisez la pluralité de l’information. 
  • Quelle est votre réaction face à ce message ? Attention au sensationnalisme. 
  • Cherchez si l’info a été vérifiée : par plusieurs médias, et pas seulement par un média alternatif. 
  • Dans le doute, ne la partagez pas sur les réseaux sociaux, ne partagez pas une information si vous ne pouvez pas la vérifier. Ne diffusez pas une information fausse ou malveillante, même pour la dénoncer car cela renforce sa présence en ligne : signalez-là.  
  • Des médias proposent de outils de vérification des informations : consultez-les, interrogez-les : Checknewsles Décodeurs ou encore Factuel et évidemment Vrai ou Fake sur France Info.

Anne- Claire LOUP
M2 Cyberjustice- Promotion 2019-2020

Sources :

https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-pour-plus-d-un-francais-sur-quatre-le-covid-19-a-ete-cree-en-laboratoire-selon-une-etude_3887429.html

https://siecledigital.fr/2020/03/19/whatsapp-coronavirus-oms-unicef/

https://www.lepoint.fr/sante/coronavirus-le-virus-fake-news-galope-27-03-2020-2369049_40.php#

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