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Vous êtes-vous déjà demandé si Alexa vous écoutait ? Si Alexa s’activait bien plus souvent que vous ne lui demandez ?

Dans une enquête publiée le 6 mai 2019, le journaliste du Washington Post, Geoffrey Fowler, s’est intéressé à l’option permettant d’accéder à l’archive sonore conservée par votre appareil .

Alexa garde en effet, une copie de tout ce qu’elle enregistre après avoir entendu votre nom. Dans le cas du journaliste, il s’agissait de plusieurs années de conversations et parmi elles une majorité de requêtes légitimes, le journaliste liste « des dizaines de fois » où l’appareil semble s’être déclenché sans avoir été au préalable activé.


Une fois vos données enregistrées, qu’en est-il de leur exploitation ?

Tout d’abord, un des plus gros avantages d’Amazon, comme d’Apple et de Google, est que celui-ci permet d’accéder aux archives du propriétaire de l’enceinte et de supprimer ce qu’il ne veut pas voir conservé. Pour le reste des données collectées, la voix est directement utilisée, selon Amazon pour améliorer l’expérience client, les erreurs dans la compréhension du langage ,et lui permet de mieux répondre aux commandes. Cette explication n’est qu’une maigre justification face à une enquête réalisée par Bloomberg.

Le 11 avril 2019, Bloomberg révélait dans son rapport que des milliers de salariés d’Amazon étaient chargés d’écouter les enregistrements audio collectés par les appareils afin de les transcrire et de les annoter, avant de les renvoyer au logiciel. Ce sont donc des journées de 9 h pendant lesquelles les employés écoutent près de 1.000 clips vidéo. 

À défaut d’indiquer le nom complet et l’adresse du propriétaire de l’utilisateur, les enregistrements sont tout de même associés à un numéro de compte, ainsi qu’au prénom de l’utilisateur et le numéro de série de l’appareil. Une fois ces données recoupées, elles peuvent donc permettre d’identifier l’utilisateur de l’enceinte.  Selon les sources interrogées par Bloomberg, l’écoute en boucle de ces fichiers audio se révèle habituellement très ennuyante. Mais si les employés entendent quelque chose sortant de l’ordinaire, ceux-ci partagent l’enregistrement via un chatroom interne à l’entreprise. Il s’agit souvent de choses que les propriétaires des enceintes préféreraient voir rester privé comme une femme chantant faux sous la douche.

Ceux-ci peuvent aussi entendre de potentiels crimes (potentielles infractions). Une employée aurait entendu ce qui ressemblait à une agression sexuelle. Après en avoir informé la hiérarchie, celle-ci leur a indiqué qu’il n’appartenait pas à Amazon d’intervenir.

Le professeur Florian Schaub de l’université du Michigan a déclaré à Bloomberg : « Je pense que nous avons été conditionnés à la [supposition] que ces machines ne font qu’un apprentissage magique […] Mais le fait est qu’il y a toujours un traitement manuel impliqué». Contrairement aux arguments d’Amazon disant qu’’Alexa « vit dans le cloud et devient toujours plus intelligent », l’IA est constamment alimentée par des humains. Bloomberg révèle que cette pratique existe également chez Google et Apple. Même si le géant Américain a réaffirmé prendre très au sérieux la sécurité et la confidentialité des données de ses utilisateurs et a assuré que cette vérification ne concernait qu’un « très petit échantillon d’enregistrement vocaux » et dans des conditions très strictes. 

Cette enquête relance encore une fois le débat sur la protection de la vie privée et des données face à l’invasion de ces enceintes et des objets connectées dans notre quotidien, ainsi que celle du consentement du propriétaire. Avaient-ils vraiment consenti à une telle exploitation de leurs données ?

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