Depuis mardi 17 mars à 12h, les français sont confinés chez eux pour limiter la propagation du coronavirus ou COVID-19. Quelques temps avant cette date, de nombreux travailleurs ont été invités à faire du télétravail. La fréquentation sur les différents réseaux a donc explosé.
Sans parler du fait que la France n’est pas le seul pays à avoir pris des mesures de confinement, beaucoup de ses voisins européens ont eu recours au confinement sans compter les Etats Unis. Il faut aussi prendre en compte le fait que des plateformes comme YouTube, Netflix, qui sont prises d’assaut pour pouvoir faire passer le temps aux personnes qui ne peuvent pas télétravailler et dont leur travail s’est arrêté suite au confinement. Tout cela provoque une hausse des connexions sur les réseaux. Certains évoquent même l’effondrement d’Internet car il n’aurait plus la possibilité de répondre face à la forte demande.
Tout d’abord, mettons fin à une légende : non, Internet ne peut pas s’effondrer. Comme l’explique Stéphane Bortzmeyer, architecte système et réseau à l’AFNIC (Association Française pour le Nommage Internet en Coopération), il n’y a pas « un Internet mais des tas de réseaux qui sont connectés entre eux comme des tuyaux ». De plus, il n’y a pas un nœud central où pourrait passer tous les réseaux. Internet ne peut donc pas s’effondrer. Si une personne a des difficultés pour se connecter à son espace de travail ce n’est pas le réseau qui est affecté mais le site, le service où cette personne se trouve.
Cependant, d’autres infrastructures peuvent se trouver fortement impactées comme les hébergeurs. En effet, la semaine dernière, le service collaboratif de Microsoft, Teams, n’a pas su résister face aux nombreuses demandes des utilisateurs. Le cloud computing vit son plus grand test de résistance et plusieurs services l’ont échoué. Il faut savoir que les demandes en cloud vont exploser non seulement de la part des personnes en télétravail dû au COVID-19 mais également des entreprises qui étaient réticentes à se lancer dans ce genre de projet et qui maintenant voient l’utilité de ces services. Cette crise aura permis aux constructeurs de ces services de se poser la question de savoir si leurs produits peuvent suffisamment résister face à une demande importante.
Cet ébranlement a donc démontré certaines faiblesses. Pour éviter qu’un service important d’aide à la personne ou de secours soit impacté, Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, a demandé à Netflix, Youtube et Amazon de réduire leur débit et le lancement de Disney+ a été décalé pour « garantir le bon fonctionnement des réseaux de télécommunications indispensables pour les services de secours et de soins et l’usage massif des solutions de télétravail, de télé-éducation ».
Effectivement, les liens entre fournisseurs d’accès à internet et des sites de vidéos comme Netflix risque le plus de souffrir de cette hausse de la demande. Comme l’explique Matthieu Latapy, directeur de recherche au CNRS, ce type de service est plus sollicité ce qui donne un « étrangement au goulot, mais cela n’affecte pas la totalité du trafic, seulement celui qui passe par les liens massivement utilisés ». Pour expliquer son propos, il prend l’exemple d’une autoroute dont on aurait coupé l’accès, « cela fera des congestions sur d’autres routes autour, mais cela ne va pas faire s’effondrer le système. La majorité des routes ne seront pas impactées ». C’est pour cette raison que Stéphane Bortzmeyer pense que la demande d’altération du débit de Youtube et Netflix n’est pas nécessaire et utile.
Dans tous les cas, cette crise aura fait apprendre de nombreuses leçons sur le plan du cloud computing et des fortes hausses de demande d’accès aux différents services. Quoi qu’il arrive durant cette période de confinement, il faut que les différents constructeurs mettent en action ce qu’ils ont appris avec cette crise pour éviter que des pertes de service comme chez Teams ne se répètent.
Julie HAVY
Master 2 Cyberjustice – Promotion 2019-2020