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Le 29 juin 2020, le gouvernement indien interdit 59 applications chinoises, comprenant notamment TikTok et Wechat. 

Plus tôt, le 17 juin 2020, l’armée indienne annonçait que lors d’un affrontement à la frontière entre l’Inde et la Chine, 20 soldats indiens avaient été tués. Ce conflit se situe dans la dispute du territoire d’Aksai Chin-Ladakh et cet évènement n’a fait qu’entériner un boycott déjà engagé en Inde. 

Les boycotts n’ont rien de nouveau. Ils reflètent une manière de consommer en accord avec ses principes, qu’ils soient étiques ou autres. Par cette action, la cible du boycott perd une partie de ses bénéfices et est incitée à faire évoluer son comportement. Le boycott peut également se faire à des fins politiques en visant les produits issus d’un pays dans leur intégralité. Ce phénomène s’est déjà observé en Corée du Sud, à l’égard des produits japonais. 

Toutefois, ce boycott a la particularité de se placer dans l’air numérique. Là où traditionnellement, il s’attaque aux biens d’importation, ici sont visées également les applications chinoises comme TikTok. En 2019, le chiffre d’affaire de ce réseau social représentait 176,9 millions de dollars et 800 millions d’utilisateurs mensuels dans le monde. Elle était également la deuxième application la plus téléchargée. Or, avec ses 1,3 milliard d’habitants, l’Inde est un marché très important. 

Pour autant, le boycott ne s’est pas arrêté là. Ce lundi, le mouvement de protestation a pris une dimension très officielle lorsque le gouvernement indien a fait le choix de la prohibition pure et simple de ces applications chinoises. Ce choix a été justifié par le fait que ces applications « volaient et transmettaient clandestinement les données des utilisateurs de manière illégale dans des serveurs situés en dehors de l’Inde » de telle sorte que ces applications seraient « préjudicielles à la souveraineté et à l’intégrité de l’Inde, sa défense, sa sécurité et son ordre public ». 

Bien qu’aucun lien n’ait été affirmé entre cette décision et les confrontations à la frontière, ce dernier parait évident. L’Inde est, certes, imposante mais face à la puissance qu’est la Chine, il lui est difficile de s’affirmer, que ce soit militairement ou économiquement. Il s’agit donc d’une façon de mettre en avant l’ampleur et l’importance de son marché pour les entreprises chinoises. 

Le secteur du numérique chinois avait déjà été touché par des accusations de même nature, notamment en 2019 avec son entreprise Huawei, pointée du doigt par les États-Unis car elle permettrait un espionnage chinois grâce à son équipement 5G. Cet appel a été également suivi par l’Australie et la Nouvelle Zélande. 

Dans ces multiplications de suspicions contre la Chine et de boycott de ses produits, il est possible de se demander si elle occupera toujours une place aussi importante dans les exportations technologiques. Ou s’il s’agirait également d’un opportunisme des Etats afin dénicher une place dans l’industrie numérique mondiale. 

Madison KEENER

M2 cyberjustice – Promotion 2019/2020

Liens : 

https://edition.cnn.com/2020/06/16/asia/china-india-border-clash-intl-hnk/index.html

https://www.japantimes.co.jp/news/2019/11/21/business/japans-economy-worst-boycott-south-korea/#.XvpavC1Pgb0

https://www.leptidigital.fr/reseaux-sociaux/chiffres-tiktok-17145/

https://www.theguardian.com/technology/2019/apr/19/where-huawei-is-banned

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