Depuis le mardi 5 novembre 2019, 16h47, les femmes travaillent sans être payées selon le collectif féministe Les Glorieuses. Au vu des inégalités salariales hommes/femmes, il est considéré qu’à cette date, les femmes ne sont plus rémunérées pour leur travail. En effet, les femmes restent toujours moins payées que les hommes, à poste égal et formation égale. 

La problématique de cette inégalité hommes/femmes est certes salariale, mais touche également bien d’autres domaines. En ce sens, une étude récente réalisée par l’actuel Secrétaire d’État au numérique, Cédric O, a mis en avant le fait qu’en France, la présence des femmes a encore reculé dans le secteur des hautes technologies et du numérique, en terme de diplôme comme d’emploi, selon l’édition 2019 de l’enquête Gender Scan.

« Un problème d’investissement mais avant tout un problème d’éducation » selon le Secrétaire du numérique Cédric O. 

Il y a pourtant des domaines aujourd’hui où l’inégalité homme/femme se creuse. Principalement, dans le monde du numérique et de la technologie, il faut aujourd’hui s’alarmer sur la situation : les femmes sont moins présentes. Si elles sont moins présentes, c’est aussi en raison d’un faible taux d’investisseurs prêt à investir dans le leadership féminin notamment. 

A titre exemple, dans les start-up de Next40 (représentant ainsi les sociétés qui seront susceptibles de remplacer celles du CAC40 dans un futur relativement proche), seule une femme est dirigeante dans toutes les entreprises sélectionnées. C’est un terrible constat pour un monde qui se veut pourtant innovateur et moderne. 

Chiffre étonnant : seulement 10% des start-ups sont créées par des femmes. Les raisons ? Elles sont nombreuses. Les investisseurs apparaissent rapidement effrayés par le fait qu’une femme devienne entrepreneure et se lance à son propre compte : mariage, bébé, congés maternités restent encore des tabous pour un grand nombre d’investisseurs qui ne souhaitent pas s’engager sur ce « terrain » là, de peur de perdre leur retour sur investissement. Victimes de discriminations, victimes d’inégalités vis-à-vis d’un homme qui aurait le même âge (rares sont les investisseurs qui refuseraient d’investir dans une start-up dirigé par un homme qui serait enclin à se marier et à avoir un enfant), les femmes sont désavantagées. 

Mais les femmes dans le numérique sont également victimes de préjugés. D’après Claudine Schmuck pour Les Echos Start, ce faible taux de présence féminine « est relié à une très forte montée en puissance des stéréotypes sur ces sujets : quand vous faites une analyse des images véhiculées autour du numérique, vous avez des figures de ‘geek’ assez fortes et pas mal d’éléments sexistes dans ce milieu qui rebutent les femmes ». 

L’inclusion féminine est donc une mission importante du quinquennat de l’actuel Président de la République, Emmanuel Macron. La politique d’inclusion dans le numérique s’insère dans le cadre de la grande cause du quinquennat en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Pour cela, l’actuel secrétaire d’Etat en charge du numérique, Cédric O, prend son rôle très à cœur et œuvre pour assurer cette pleine inclusion. Ainsi, en octobre 2019, le collectif Sista et le Conseil National du Numérique publiaient une charte de bonnes pratiques signée par 56 fonds d’investissement.

Qu’est-ce que la Charte des bonnes pratiques et que va-t-elle changer ? 

« Le 17 octobre 2019 en présence des Secrétaires d’État Marlène Schiappa et Cédric O, plus de cinquante fonds de capital-risque français ont signé la charte SISTAxCNNum, co-construite par le collectif SISTA et le Conseil National du Numérique (CNNum) »

L’objectif de cette charte est simple : il faudrait atteindre 25% de startups financées en 2025 qui seraient fondées ou cofondées par des femmes, pour arriver à 30% en 2030 et 50% d’ici 2050. Soit 30 ans pour arriver à une parité parfaite. Cette charte propose trois mesures fortes pour permettre cette inclusion : 

  • « Les investisseurs s’engagent а mesurer la place du genre dans leurs portefeuilles et de communiquer leurs données annuellement afin de permettre une meilleure prise de conscience collective.
  • Les investisseurs s’engagent а adopter des pratiques de recrutement inclusives en repensant les process existants tels le langage des annonces d’emploi, les questions en entretien ou encore l’évaluation des candidatures.
  • Les investisseurs s’engagent à adopter des pratiques d’investissement inclusives en repensant les process existants tels les questions posées aux femmes et à mettre en place des “office hours” (ou créneaux réservés de rendez-vous à destination des femmes entrepreneurs) afin de leur permettre de développer leur réseau investisseurs ».

Cette charte bénéficie également du soutien de la Secrétaire d’état de l’égalité homme/femme Marlène Schiappa, afin d’appuyer toute la dimension égalitaire. Elle s’inscrit également dans la lignée de plusieurs mesures pour lutter contre les discriminations envers les femmes.

Quel avenir pour les femmes dans le numérique ? 

Outre cette Charte, de nombreuses mesures sont prises par divers autres acteurs afin de favoriser la présence féminine dans l’entreprenariat. On peut penser ici au plan « Entreprendre au féminin » lancé en 2013. 

Plusieurs collectifs se développent également pour donner plus de force à leurs engagements. On pensera ici à SISTA, à l’initiative de la Charte numérique qui œuvre pour plus de mixité et plus de parité dans l’économie numérique, à l’aide de plusieurs femmes entrepreneuses. Il y a également l’association Woman In Technology qui s’engage, en France et à l’international, pour une meilleure inclusion des femmes dans le numérique.

Le pari est pour l’instant en bonne voie, grâce à cette impulsion gouvernementale qui relaie la parole de ces femmes. Mais la problématique inégalitaire des femmes ne se limite pas uniquement à l’entreprenariat et à la tech au sens général. 

Caroline Lisana
M2 Cyberjustice – Promotion 2019-2020

Sources :

cnnumérique.fr 

https://www.egalite-femmes-hommes.gouv.fr/dossiers/egalite-professionnelle/entrepreneuriat-des-femmes/

https://start.lesechos.fr/innovations-startups/tech-futur/la-tech-un-secteur-toujours-tres-genre-14959.php


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