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Dis Alexa, peux-tu me dire qui a commis le double meurtre ? 

Et si des enregistrements réalisés par une enceinte Echo pouvaient servir de preuve ? C’est ce que semble penser les autorités et un juge du New Hampshire qui, le 09 novembre 2018 a exigé d’Amazon les données et enregistrements réalisés par une enceinte intelligente sur les lieux d’un double meurtre de deux femmes de 32 et 48 ans. 

Le 27 janvier 2017, Christine Sullivan avait été retrouvée poignardée à mort à son domicile avec son amie Jenna Pellegrini. Un suspect a raipdement été arrêté : Timothy Verril, âgé de 34 et qui, depuis février 2017, plaide non-coupable.

La justice américaine a estimé que l’enceinte connectée pourrait avoir enregistré “des preuves de crimes contre madame Sullivan dont l’attaque et l’éventuelle évacuation du corps de la cuisine”. Les enregistrements réalisés par l’enceinte pourraient donc permettre de prouver la culpabilité du suspect ou alors d’obtenir d’autres éléments concernant ce double meurtre. 



Amazon refusa de collaborer avec la justice américaine 

Toutefois, Amazon refuser de collaborer avec la justice américaine. Selon le Washington Post, le géant américain aurait refusé de se plier au mandat délivré par les autorités judiciaires et “ne divulguerait pas d’informations d’utilisateurs” sans une requête officielle de la justice américaine présentée en bonne et due forme. Sans toutefois préciser ce qu’elle ferait si cette requête “valable” était présentée. 

Ce bras de fer entre un GAFAM et la justice américaine n’est malheureusement pas le premier. En effet, novembre 2015, Victor Collins avait été retrouvé mort noyé au domicile de James Bates. Au cours de l’enquête, un officier avait découvert au domicile de ce dernier, une enceinte “Echo” d’Amazon, abritant également l’assistant vocal Alexa. Le Parquet avait alors obtenu un mandat de perquisition afin d’obliger Amazon à livrer les données enregistrées par “Echo” et pouvant permettre d’élucider le meurtre. Après avoir refusé, le géant de la grande distribution n’a fourni que des données partielles.



L’existence d’enregistrements toutefois peu probable

Est-il réellement probable qu’Alexa ait enregistré des éléments permettant d’élucider le meurtre ? Le micro de l’enceinte est activé en permanence, mais l’Amazon Echo n’enregistre rien tant que la commande vocale pour activer Alexa n’a pas été prononcé. Une fois que l’utilisateur effectue une demande, auprès d’Alexa, l’intelligence artificielle de l’enceinte Echo est directement enregistrée dans le Cloud d’Amazon pour ensuite y trouver une réponse adéquate. Toutes les données accumulées y sont enregistrées pendant une période indéterminée. Il paraît donc peu probable que l’enceinte ait été activée par la victime au moment du meurtre ou que celle-ci ait été activée “par erreur”. 

Un tel “dysfonctionnement” reste néanmoins possible, en mai 2018, un couple avait en effet été enregistré en pleine conversation privée à son insu et la discussion avait été ensuite envoyé à un de leur contact. 



L’omniprésence des enceintes connectées
 

Cette affaire montre clairement que les dispositifs des “objets connectés”, omniprésents, dans notre quotidien auront un rôle de plus en plus important à jouer en matière d’investigation judiciaire. Encore rare il y a quelques années, les enceintes intelligentes de type Google Home ou Amazon Echo commencent à se démocratiser. 

Le géant Apple et le constructeur chinois Huawei ont eux aussi décidé de se lancer dans la course à l’enceinte connectée. Ainsi, dans son dernier rapport, Strategy Analytics relève que 9,2 millions d’enceintes auraient été expédiées au premier trimestre, enregistrant ainsi une croissance de 278% par rapport à l’année dernière. 



Julie VILLEMI
Master 2 Cyberjustice – promotion 2018-2019


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