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« La 5G est ouverte au business ». Les paroles prononcées par Börje Ekholm, PDG d’Ericsson à l’édition 2018 du Mobile World Congress de Barcelone sont emblématiques de l’enjeu économique de la 5G. En effet, il a été estimé dans une étude américaine menée par IHS Market en février 2017 que la 5G pourrait créer 22 millions d’emplois et avoir jusqu’à 12 milliards d’euros de retombées économiques dans le monde entre 2020 et 2035.

La 5G pour 5ème génération de standard de télécommunication mobile est aux portes de nos téléphones puisqu’il est prévu qu’elle débarque en France en 2020. Ce réseau de télécommunication se différencie de la 4G par un débit de 1 à 10 Gbit/seconde soit jusqu’à dix fois plus élevé que la génération prétendante, une fréquence inférieure à 6 GHz permettant un déploiement plus large, une diminution du temps de latence et surtout la mise en place d’un projet global qui permettra à tous les appareils connectés, des Smartphones à la montre connectée en passant par la voiture autonome, de communiquer entre eux via cette 5G. C’est cette capacité à faire transiter les données en un temps record qui est au cœur de la cinquième génération de réseau de télécommunication.

Cet univers ultra-connecté va nécessiter un changement de structures des réseaux : les villes devront alors distribuer le signal internet grâce notamment à de minuscules antennes (« Small cells » en anglais) ou une technologie MIMO (Multiple Input – Multiple Output) qui combine un grand nombre d’antennes permettant un débit plus important ou encore grâce à une focalisation radio appelé « beam forming » qui dirigerait de manière intelligente les ondes radios vers l’appareil en question.

Ce changement de structures à l’échelle internationale est possible notamment grâce un plan d’action européen dirigé par la Commission européenne qui a pour objectif la couverture d’une grande ville par Etat-membre d’ici 2020 et de toutes les zones urbaines et les principaux axes de transports d’ici 2025 et surtout grâce au partenariat public-privé avec les acteurs du secteurs des TIC.

La France n’est pas à la traîne puisque les enchères vont commencer dès l’automne prochain pour une attribution des brevets pour 2020. « La France ne sera pas en retard sur la 5G » nous dit Mounir Mhajoubi, Premier Secrétaire d’Etat au Numérique, et c’est le cas puisqu’un partenariat avec Huawei a permis un test de la 5G dans certaines grandes villes françaises comme Marseille ou Bordeaux.

Pourtant cette 5G inquiète et particulièrement les gouvernements américain et européens : l’opérateur Huawei qui possède 10% de tous les brevets mondiaux liés à la 5G est en effet soupçonné d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois : les lois chinoises obligent les groupes dont le siège social se trouve sur leur territoire à apporter une aide technique aux services de renseignement. Cette entreprise chinoise de télécommunication a gagné en quelques années une part du marché mondial passant de 4,6% en 2016 à 16% en 2018. Elle se positionne ainsi juste derrière Apple et Samsung qui possèdent chacun 18% du marché mondial. En 2018, Huawei a en effet vendu 206 millions de Smartphones contre 292 millions pour Samsung et 208 millions pour Apple. Cette concurrence de plus en plus importante effraie aussi bien les Etats que les géants des télécoms.

Étant donné que l’enjeu même de la 5G est la mise en réseau de tous les appareils par un échange continu de données, le risque de données sensibles voire confidentielles transitant vers la Chine n’est pas sans inquiéter les États occidentaux. Le Canada, les Etats-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Pologne ont même décidé d’interdire toute technologie Huawei sur leur territoire national. La France et l’Allemagne, de leur côté, préfèrent limiter les échanges commerciaux avec la firme chinoise afin de ne pas risquer la sécurité des entreprises et surtout la défense nationale.


Rebecca de Thy
M2 Cyberjustice promotion 2018-2019

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