Ayant inspiré le système de surveillance et de crédit présenté par la série Black mirror dans son épisode « Skydiving » et reprenant certains des codes employés par Georges Orwell dans son roman 1984, le gouvernement Chinois a mis en place un nouveau système de notation de ses citoyens. Développé depuis 2014, à l’origine dans le cadre de l’octroi de prêts bancaires, ce système s’est peu à peu étendu. Basé sur la collecte de données et d’informations relatives à chaque individu, envoyés par les citoyens eux-mêmes au gouvernement ou encore, basé sur la reconnaissance faciale mise en oeuvre par l’intermédiaire de la vidéo-surveillance présentes partout dans le pays. Ce système ne cesse d’éveiller les critiques en Europe. 

Sur la base d’une pondération, chaque action permet ainsi aux citoyens d’acquérir des crédits qui constituent un moyen d’accès à des droits. Parmi ces droits l’on retrouve par exemple des réductions pour les transports, à l’inverse des refus d’accéder à certains moyens de voyager, des classements plus ou moins élevés pour entrer dans une école ou pour être recruté à un poste à pourvoir. 

Cependant et bien qu’il soit principalement constaté pour l’instant en Asie à une échelle aussi grande, ce système n’est il pas déjà bien installé en Europe ? La notation des individus entre eux est présente partout : sur Uber, sur BlablaCar, dans les plate-forme de service après-vente, ou même sur Facebook ou dans les restaurants. Toujours justifié dans l’intérêt du respect de l’autre et de la responsabilisation des individus face à leurs semblables, il reste néanmoins vrai que ce système de notation a un véritable impact sur l’appréciation que l’on se fait de l’autre. Les notes attribuées jouant un véritable impact psychologique pouvant même conduire à des discriminations sur ce fondement. 

Cette surveillance constante des faits et gestes de chacun, aidée par l’intermédiaire des réseaux sociaux, des likes ou notes attribuées se complète avec une surveillance étatique des faits de chacun. A titre d’exemple bien plus proche que celui de la Chine, il convient d’évoquer la mise en 

place d’un tel système à Strasbourg. Dans un souci de protection des cyclistes et de leur sécurité, la ville de Strasbourg a en effet décidé d’utiliser son système de caméra de vidéo-surveillance pour permettre de verbaliser, à distance, les automobilistes en infraction. Or l’utilisation d’outil de surveillance de masse dans l’objectif de sanctionner semble se rapprocher à grand pas de l’analyse qui peut être faite du système chinois actuel et interroge sur l’étendue du contrôle à venir. 

Laetitia BENOIT
Master 2 Cyberjustice – Promotion 2018-2019


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