You are currently viewing IA au service de l’armée : des bouleversements en marche


À l’ère du tout numérique, les nouvelles technologies révolutionnent nos concepts traditionnels, nos pratiques, qu’elles soient liées au domaine de la santé, du travail, de la consommation, de la culture ou du sport. Le domaine militaire est lui aussi impacté par ces évolutions, celles-ci engendrent de nombreuses interrogations et inquiétudes car elles touchent aux enjeux de défense nationale. 

    L’impact des nouvelles technologies dans le domaine militaire n’est pas récent. Dès la Première Guerre mondiale des technologies ont permis, par la collecte de données, de réaliser des évaluations psychologiques de jeunes conscrits. Durant la Seconde Guerre mondiale la collecte des données psycho-sociales a permis une meilleure connaissance des divers acteurs. Désormais, l’usage des nouvelles technologies n’est plus cantonné aux seules données, il tend à bouleverser l’ensemble des étapes militaires.
Bien que le domaine soit en plein essor, les grands pays industrialisés comme la Chine et les États-Unis, s’affichent déjà en tête de liste des pays innovateurs et pionniers. Le 18 avril 2018, Michael Griffin, secrétaire américain de la Défense à la recherche et l’ingénierie annonçait que le département de la défense américaine comptait déjà 592 projets militaires intégrant l’intelligence artificielle (IA).

La France a elle aussi conscience des impératifs, des enjeux qui se rapportent à l’IA et de la nécessité de s’emparer de l’IA dans le domaine militaire. Ainsi le 14 février 2017, le ministre français de la Défense Jean Yves Le Drian, déclarait que « l’intelligence artificielle est un élément de souveraineté nationale » .
Aujourd’hui, la France recense de nombreuses initiatives, comme Man-Machine Tearning (MMT) lancée et financée par la Direction générale de l’armement (DGA) et près de 200 start-up et grandes entreprises actrices du domaine comme Atos, Dassault Systèmes, Thales et MBDA.

L’essor numérique au sein de la défense nous pousse vers de nouvelles interrogations :

  • Comment les nouvelles technologies et notamment l’IA peuvent-elles s’appliquer au domaine militaire ? 
  • Comment l’IA va-t-elle bouleverser les pratiques militaires ?
  • L’IA va-t-elle bouleverser notre manière de voir et de faire la guerre ? 
  • La guerre va-t-elle devenir une guerre « robotique » et quasi-déshumanisée ?
  • En d’autres termes, la réalité va-t-elle rattraper la fiction ? 

 En réalité, l’IA et les nouvelles technologies bouleversent et vont continuer de bouleverser l’ensemble du domaine militaire. À l’instar, des logiciels SWORD et SOULT détenus par l’armée française et développés par le groupe MASA, l’IA permet une meilleure préparation des forces armées aux conflits et à leurs missions. Ces logiciels sont des outils de simulation de situations permettant un entraînement dit « wargame » des forces armées, plus poussé et en situation réelle, ainsi qu’une analyse de haut niveau. Ces simulations peuvent consister en des opérations de stabilisation, de menaces terroristes ou encore de catastrophes naturelles. 

En mission, l’IA favorise une meilleure appréhension des terrains d’action, par l’usage de logiciel de géolocalisation ou de traduction, ceux-ci favorisant la compréhension entre les populations locales et les soldats déplacés. Les nouvelles technologies permettent aussi la détection des menaces tant humaines, naturelles que liées à l’armement ennemi. 

A titre d’exemple, les robots Samsung SGR-I développés par la filiale du groupe Samsung : Hanwha Aerospace, remplacent les soldats déployés dans la zone démilitarisée entre les deux Corée. Ces robots permettent une détection d’individus dans une zone de quatre kilomètres ainsi que leur neutralisation.
De même, la reconnaissance faciale permet une meilleure gestion des risques sécuritaires et tend à s’appliquer au domaine militaire de part notamment la menace terroriste accrue. La Chine dans ce domaine de la reconnaissance faciale s’affiche déjà comme un leader du domaine grâce aux compagnies Sensetime et Megvii.



De moins en moins d’hommes et de plus en plus de machines sur les terrains opérationnels. 

  Ce constat tend à émerger avec l’usage de plus en plus démocratisé d’armes autonomes ou encore de drones au sein des armées. Le logiciel ALPHA, illustre cette massification de technologie dans le domaine militaire, développé par la société Psibernetix et utilisé par l’armée américaine.
Ce logiciel, qui s’adapte aux situations en vue d’atteindre l’adversaire, est la première technologie a avoir battu en simulation de situation de combat des pilotes d’avions de chasse confirmés. Gene Lee, ancien pilote de l’armée américaine a pu tester ALPHA et s’est même étonné de son efficacité et de son fonctionnement : « J’ai été surpris par la manière dont elle était consciente et réactive. Elle semblait être consciente de mes intentions et réagir instantanément à mes changements en vol et à mes déploiements de missiles. Elle savait comment déjouer le tir que je faisais. Elle changeait instantanément entre les actions défensives et offensives en fonction des besoins ». L’ancien pilote la décrit comme « l’IA la plus agressive, réactive, dynamique et crédible que j’ai jamais vue ».



Des stratégies militaires modifiées grâce à la densification des données. 

 L’essor des données impacte aussi le domaine militaire. La densification des données, telles que les données personnelles sensibles des forces armées, celles aux armes, les données recueillies sur le terrain ou encore les données relatives à l’ennemi, octroie une offre nouvelle à la décision et modifie les stratégies militaires. Toutefois, les questions de protection des données et notamment des données sensibles, du stockage, de l’accès à celles-ci, ainsi que les questions relatives à la cybersécurité émergent.


Qu’en est-il en pratique  
Dans un impératif sécuritaire et militaire qui peut-être en charge de la protection, du traitement de ces données ultra-sensibles ?  

  Par ailleurs, il faut mentionner que les nouvelles technologiques permettent une optimisation des opérations de maintenance militaire par une meilleure gestion des équipements, de leurs usures, une anticipation des pannes et une gestion optimale des pièces de remplacement par l’usage de la technique dit du Spare Parts 3D ou 3D Printing. 

De manière globale l’essor technologique permet une facilitation de la défense militaire mais aussi de l’attaque militaire

 Dans ce contexte de bouleversements militaire, de risque de déshumanisation de la guerre, d’enjeux accrus, de perte de contrôle de ces nouvelles technologies, le droit tend à trouver sa place notamment dans l’encadrement et le contrôle de ces évolutions. Le constat est simple le droit de la guerre doit nécessairement suivre ces évolutions, de nouveaux accords internationaux doivent être conclus, un équilibre dans la relation homme-machine doit être trouvé. 

  L’éthique a elle aussi un rôle à jouer, à l’image de ce qui est amorcé sur l’utilisation des systèmes d’armes létaux autonomes (SALA), les acteurs internationaux doivent donc s’accorder sur l’instauration d’une éthique commune. 



Manon DANSAC
Master 2 Cyberjustice – Promotion 2018-2019

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